Lundi 22 avril 2024, premier jour de mise en œuvre du couvre-feu pour les mineurs dans une partie de l’agglomération pointoise, le calme régnait dès la tombée de la nuit, dans les rues de Pointe-à-Pitre. À 20h00, horaire d’entrée en vigueur de cette mesure, des agents des forces de l’ordre étaient déjà positionnés dans les quartiers ; le gros des troupes a débarqué peu après. Au total, la préfecture a mobilisé 35 policiers et 15 gendarmes, en plus des équipes de nuit habituelles.
Sous l’œil des caméras des nombreux journalistes présents, notamment venus de l’Hexagone, le préfet Xavier Lefort était présent.
Le représentant local de l’Etat a lui aussi sillonné les artères du centre-ville, pour jauger l’ambiance. Il a constaté qu’en effet, les rues étaient moins fréquentées qu’à l’accoutumée, au grand dam des restaurateurs ambulants, comme ici sur la place de la Victoire :
Une autre commerçante rencontrée sur le boulevard Légitimus est partagée : d’un côté le couvre-feu a du bon car il sécurise les usagers, mais de l’autre il y a moins de clients.
Quand les gens vont voir beaucoup de policiers qui tournent comme ça dans la rue, les gens ont tendance à fuir, parce que (tu connais déjà), les gens ont peur quand il y a beaucoup de policiers qui tournent, qui tournent en rond comme ça (...).
Restauratrice ambulante de Pointe-à-Pitre
Les mineurs qui ne respecteront pas la restriction imposée pourront faire l’objet d’une demande de mesure d’assistance éducative de la part du ministère public ; leurs parents sont aussi passibles d’une amende de 750€.
Seulement voilà, hier soir, certains jeunes rencontrés n’étaient pas au fait de l’actualité et ne savaient rien de ce couvre-feu. C’est le cas d’Israël, 14 ans, pris au dépourvu alors qu’il voulait s’acheter un bokit. Un policier l’a stoppé pour un contrôle en règle. Ses parents ont été appelés, pour qu’ils confirment savoir où est leur enfant :
Je l’ai appris maintenant là seulement. Je vais rentrer chez moi, à côté !
Israël, adolescent de 14 ans
Quelques mineurs ont été croisés dans la rue. Ils ont été contrôlés. Certains ont été rappelés à l’ordre et redirigés vers leur domicile. Les parents de quelques-uns ont été appelés par les forces de l’ordre, pour une vérification des raisons de leur présence sur la voie publique en plein couvre-feu.
Même des personnes majeures n’ayant pas leurs papiers d’identité sur elles ont dû prouver qu’elles étaient en droit de se trouver là.
La souplesse était quoi qu'il en soit de mise, pour cette première soirée. Les policiers et gendarmes mobilisés, qui se voient là confier une nouvelle mission, entendent s’adapter à la réalité du terrain.
Pour autant, l’enjeu est important : en maintenant les jeunes à domicile, il s’agit d’empêcher de les laisser se regrouper et, éventuellement, de commettre des faits répréhensibles. La lutte est plurielle : les acteurs impliqués veulent endiguer la délinquance, la criminalité, la circulation des armes et le trafic de stupéfiants.
Nous, il va falloir qu’on s’adapte, qu’on voit un petit peu la réaction des jeunes, de leurs familles et puis qu’on essaie de donner un sens à cette nouvelle mission (...).
Nicolas X, Brigadier-chef de police à la BAC jour de Pointe-à-Pitre
Après la démonstration de force de lundi, les équipes de nuit devraient prendre le relais, pour veiller au respect du couvre-feu. Des renforts pourront être appelés le cas échéant.
Traditionnellement, la police ne communique pas sur ses disponibilités opérationnelles de l’instant (...).
Vincent Leborgne, commissaire général, chef d’état-major à la DTPN de Guadeloupe
Le couvre-feu pour les mineurs, de 20h00 à 5h00, est prévu pour un mois renouvelable au moins une fois, dans plusieurs quartiers des Abymes et de Pointe-à-Pitre, où les chiffres de la délinquance vont crescendo depuis plusieurs mois, avec une forte implication de mineurs.
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