Couvre-feu dans l’agglomération pointoise : démarrage en douceur

Première nuit de couvre-feu, à pointe-à-Pitre - 22/04/2024.
La première nuit du couvre-feu pour les mineurs, à Pointe-à-Pitre et aux Abymes, a été l’occasion d’une vaste opération de communication orchestrée par le préfet, à grand renfort d’agents des forces de sécurité armés, sillonnant les quartiers visés. Pour commencer, la pédagogie a été privilégiée, lundi soir, auprès de ceux qui n’ont pas respecté les termes de la mesure décidée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Lundi 22 avril 2024, premier jour de mise en œuvre du couvre-feu pour les mineurs dans une partie de l’agglomération pointoise, le calme régnait dès la tombée de la nuit, dans les rues de Pointe-à-Pitre. À 20h00, horaire d’entrée en vigueur de cette mesure, des agents des forces de l’ordre étaient déjà positionnés dans les quartiers ; le gros des troupes a débarqué peu après. Au total, la préfecture a mobilisé 35 policiers et 15 gendarmes, en plus des équipes de nuit habituelles.

Sous l’œil des caméras des nombreux journalistes présents, notamment venus de l’Hexagone, le préfet Xavier Lefort était présent.

Les représentants de la presse étaient nombereux à assister aux opérations liées à la première nuit de couvre-feu, à pointe-à-Pitre - 22/04/2024.

Le représentant local de l’Etat a lui aussi sillonné les artères du centre-ville, pour jauger l’ambiance. Il a constaté qu’en effet, les rues étaient moins fréquentées qu’à l’accoutumée, au grand dam des restaurateurs ambulants, comme ici sur la place de la Victoire :

Echange entre le préfet Xavier Lefort et une restauratrice ambulante de Pointe-à-Pitre - 22/04/2024. ©Olivier Duflo - Guadeloupe La 1ère

Une autre commerçante rencontrée sur le boulevard Légitimus est partagée : d’un côté le couvre-feu a du bon car il sécurise les usagers, mais de l’autre il y a moins de clients.

Quand les gens vont voir beaucoup de policiers qui tournent comme ça dans la rue, les gens ont tendance à fuir, parce que (tu connais déjà), les gens ont peur quand il y a beaucoup de policiers qui tournent, qui tournent en rond comme ça (...).

Restauratrice ambulante de Pointe-à-Pitre

Restauratrice ambulante de Pointe-à-Pitre au 1er jour de couvre-feu - 22/04/2024. ©Guadeloupe

Première nuit de couvre-feu, à pointe-à-Pitre - 22/04/2024.

Les mineurs qui ne respecteront pas la restriction imposée pourront faire l’objet d’une demande de mesure d’assistance éducative de la part du ministère public ; leurs parents sont aussi passibles d’une amende de 750€.

Première nuit de couvre-feu, à pointe-à-Pitre - 22/04/2024.

Seulement voilà, hier soir, certains jeunes rencontrés n’étaient pas au fait de l’actualité et ne savaient rien de ce couvre-feu. C’est le cas d’Israël, 14 ans, pris au dépourvu alors qu’il voulait s’acheter un bokit. Un policier l’a stoppé pour un contrôle en règle. Ses parents ont été appelés, pour qu’ils confirment savoir où est leur enfant : 

Je l’ai appris maintenant là seulement. Je vais rentrer chez moi, à côté !

Israël, adolescent de 14 ans

Israël, adolescent de 14 ans ©Alexandre Houda et Olivier Duflo - Guadeloupe La 1ère

Couvre-feu à pointe-à-Pitre : les parents des mineurs non accompagnés d'un représentant légal ont été appelés par la police - 22/04/2024.

Quelques mineurs ont été croisés dans la rue. Ils ont été contrôlés. Certains ont été rappelés à l’ordre et redirigés vers leur domicile. Les parents de quelques-uns ont été appelés par les forces de l’ordre, pour une vérification des raisons de leur présence sur la voie publique en plein couvre-feu.

Même des personnes majeures n’ayant pas leurs papiers d’identité sur elles ont dû prouver qu’elles étaient en droit de se trouver là.

La souplesse était quoi qu'il en soit de mise, pour cette première soirée. Les policiers et gendarmes mobilisés, qui se voient là confier une nouvelle mission, entendent s’adapter à la réalité du terrain.

Pour autant, l’enjeu est important : en maintenant les jeunes à domicile, il s’agit d’empêcher de les laisser se regrouper et, éventuellement, de commettre des faits répréhensibles. La lutte est plurielle : les acteurs impliqués veulent endiguer la délinquance, la criminalité, la circulation des armes et le trafic de stupéfiants.

Nous, il va falloir qu’on s’adapte, qu’on voit un petit peu la réaction des jeunes, de leurs familles et puis qu’on essaie de donner un sens à cette nouvelle mission (...).

Nicolas X, Brigadier-chef de police à la BAC jour de Pointe-à-Pitre

Nicolas X, Brigadier-chef de police à la BAC jour de Pointe-à-Pitre ©Alexandre Houda et Olivier Duflo - Guadeloupe La 1ère

Première nuit de couvre-feu, à pointe-à-Pitre - 22/04/2024.

Après la démonstration de force de lundi, les équipes de nuit devraient prendre le relais, pour veiller au respect du couvre-feu. Des renforts pourront être appelés le cas échéant. 

Traditionnellement, la police ne communique pas sur ses disponibilités opérationnelles de l’instant (...).

Vincent Leborgne, commissaire général, chef d’état-major à la DTPN de Guadeloupe

Vincent Leborgne, commissaire général, chef d’état-major à la DTPN de Guadeloupe ©Alexandre Houda et Olivier Duflo - Guadeloupe La 1ère

Première nuit de couvre-feu, à pointe-à-Pitre - 22/04/2024.

Le couvre-feu pour les mineurs, de 20h00 à 5h00, est prévu pour un mois renouvelable au moins une fois, dans plusieurs quartiers des Abymes et de Pointe-à-Pitre, où les chiffres de la délinquance vont crescendo depuis plusieurs mois, avec une forte implication de mineurs.

À LIRE AUSSI : Entrée en vigueur du couvre-feu dans plusieurs quartiers de Pointe-à-Pitre et des Abymes : modalités, causes et doutes – 22/04/2024.