Pêche en Guadeloupe : pertes d'activité, faibles rémunérations, les professionnels sont inquiets pour leur avenir

Rony Foucan, marin pêcheur, de retour au port de Vieux-Bourg Morne-à-L'Eau
L'avenir de la pêche est-il menacé en Guadeloupe ? Alors que des conventions de modernisation et de renouvellement de la flotte ont été signées ce lundi entre l'Etat et la Région, le constat est alarmant. En presque quinze ans, la pêche locale a perdu quelque 300 navires et 800 pêcheurs embarqués. On observe une forte diminution des poissons pêchés et le métier n'attire plus. Aujourd'hui, les professionnels sont naturellement inquiets.

Ce lundi matin à Basse-Terre, c'est une séance de signature importante qui se prépare. Elle concerne le dispositif cadre, d'aide à l'adaptation de la flotte de pêche de Guadeloupe. Adopté par la commission permanente de la Région le 26 avril dernier, ce dispositif, porté conjointement par l'Etat et la Région, s'avère d'une importance cruciale pour la pérennisation des activités de pêches durables menées sur le territoire. Les conventions de modernisation et de renouvellement de la flotte de pêche sont donc signées.

Signature entre l'Etat et la Région Guadeloupe des conventions de modernisation et de renouvellement de la flotte de pêche. 22/07/2024

À Vieux-Bourg Morne-à-L'Eau, pendant ce temps, le moral n'est pas au beau fixe pour le marin pêcheur Rony Foucan, C’est une sortie qui ressemble à celle de la veille. Après une matinée de trois heures de pêche au filet, Rony ramène un bien maigre butin d’à peine plus de 10 Kilos. Pourtant Rony pratique différentes méthodes pour cibler le maximum de poissons.

Pas grand chose à vendre au retour des pêcheurs

Un métier qui n'attire plus

Ce lundi matin c’était le filet mais le pêcheur préfère le casier. Car toutes les astuces sont bonnes pour faire des économies. Mais alors pourquoi ce métier de marin pêcheur ne trouve pas d'adepte ? Le métier de marin pêcheur est rémunéré à la part. Il n'y a pas de fixe même s’il existe un salaire forfaitaire. Ce qui peut décourager certains jeunes pourtant diplômés.

Rony Foucan, marin pêcheur ©Rudy Rilcy - Guadeloupe la 1ère

La restauration est le secteur qui dépend le plus des produits de la mer. De jour en jour elle a vu baisser la ressource. Pour parer au manque certains restaurateurs n'ont pas d'autre choix que de se tourner vers l'élevage. 

En presque quinze ans, la pêche locale a perdu quelque 300 navires et 800 pêcheurs embarqués.

Les deux mesures du  dispositif Etat/Région

  • La modernisation de la flotte (Règlement (UE) 2023 / 2391, du 4 octobre 2023). Cette mesure permet :
    👉 L’acquisition, construction ou importation de navires de pêche professionnelle de moins de 12 mètres.
    👉 La remotorisation de navires existants sous conditions.
    👉 L’acquisition et l’entretien de divers matériels y compris les dispositifs de concentration de poissons collectifs ancrés.
    L’aide prend la forme d’une subvention directe à hauteur de 30 000 € maximum par entreprise pour une période de trois ans, cofinancée par l'État et la Région.
  • Le renouvellement de la flotte (Aide d’État SA.58611 – 2020/N du 28 février 2022). Cette mesure permet :
    👉 L’acquisition de nouveaux navires de moins de 12 mètres sans limites de montants à condition que ces navires appartiennent aux segments de flotte à l’équilibre, pour lesquels les pratiques de pêche n’impactent pas le milieu et la ressource disponible. L’aide prend la forme d’une subvention à hauteur de 60 % maximum des coûts éligibles pour les navires, partagée également entre l'État et la Région.