Le Kabana Beach fait l’objet d’un arrêté de fermeture administrative temporaire, émis le 2 février dernier par la sous-préfecture de Pointe-à-Pitre ; ce, pour une durée de 4 mois.
L’établissement est dit "implanté sans autorisation sur la plage du Souffleur, à Port-Louis". Il est en infraction, au regard du code de l’urbanisme et du code de la construction et de l’habitation de la commune de Port-Louis. Mais cette procédure a surtout été lancée suite à l’organisation d’une soirée non déclarée, non autorisée et sans indication de dispositif de sécurité, baptisée "New year on the beach", le 31 décembre 2022, avec la vente de boissons alcoolisées. Cet évènement s’est tenu malgré un arrêté municipal l’interdisant. Pour enfoncer le clou, l’exploitation et la fréquentation des lieux "constituent une infraction aux lois et règlements relatifs aux débits de boissons, des atteintes à l’ordre public, à la santé, à la tranquillité ou à la moralité publiques prévus par les dispositions pénales en vigueur", a considéré le sous-préfet de Pointe-à-Pitre, Bruno André.
Les exploitants ont été invités à présenter leurs observations orales, face à ces griefs ; ce qu’ils ont fait, le 1er février, en sous-préfecture, en présence de leur avocat.
Pour autant, la décision de fermeture temporaire est tombée. Si celle-ci n’est pas respectée, les sanctions encourues sont deux mois d’emprisonnement et 3750€ d’amende.
De nombreux griefs
Le maire de Port-Louis a signifié, lundi 6 février 2023, par communiqué de presse, son intention de faire libérer les lieux et de remettre l’endroit en état. Le Kabana Beach occupe "un espace public fragile et protégé" de manière illégale et exploite "irrégulièrement un établissement recevant du public (ERP)", a rappelé Jean-Marie Hubert, qui propose tout de même une solution amiable aux gérants : qu’ils s’installent en un lieu plus approprié.
Le contentieux qui oppose la commune aux gestionnaires de cet établissement concerne plus largement l’occupation illicite de la bande sableuse littorale, ainsi que tous les préjudices qui en découlent (...). C’est en toute illégalité, au regard du Code de l’urbanisme, que l’ancienne municipalité a donné une autorisation d’occupation temporaire (AOT) à M. Sémar, pour une structure légère démontable. Cette ancienne autorisation qui ne concernait pas un « restaurant » est caduque depuis décembre 2017.
Jean-Marie Hubert, maire de la commune de Port-Louis
Seulement voilà, le Kabana Beach n’a cessé "de s’agrandir, de s’ancrer et de se privatiser", explique la maire, au rythme d’abattages d’arbres centenaires, de tapage nocturne, ou encore de problèmes d’insécurité et de salubrité. Le restaurant aurait été, par ailleurs, raccordé aux réseaux électrique et d’eau illégalement ; une plainte pour vol a été déposée, suite à cela.
La population pour témoin
Ce beachbar/restaurant avait pignon sur rue, jusqu’ici. Créé en 2016, c’était l’endroit où "chiller" (se relaxer, faire la fête). Il dispose d’un espace détente. La même entreprise propose aussi, sur place, de la location de matériel pour des loisirs nautiques. Cette structure emploie 30 personnes.
Pour tous, cette décision est un coup dur.
Je tiens à rappeler que le plus important, dans toute l’affaire, ce sont les 30 salariés qui vont se retrouver sur le carreau. La sanction est lourde. Nous, on a décidé de jouer la transparence et on a décidé de partager un lien, avec tous nos documents, tous nos justificatifs, toutes nos preuves... pour que la population puisse consulter tous les éléments.
Nicolas Sémar, gérant du Kabana Beach
C’est donc auprès de la population, que l’exploitant cherche à trouver des soutiens, en tentant de mobiliser le plus de personnes possible. Une pétition en ligne a déjà été signée par plus de 7800 sympathisants. Elle est accompagnée du texte ci-dessous :
Parmi ses arguments, Nicolas Sémar évoque donc ses actions en faveur de la formation, de l’insertion et la réinsertion, pour dynamiser la plage du Souffleur.
Mais ne répond pas à la question sur sa présence sur la plage de Port-Louis, jugée "illégale" par le maire, ni sur la proposition qui lui est faite de relocaliser son établissement.