Ils ne s'étaient pas retrouvés autour d'une table de négociations depuis le 27 janvier dernier. Ce lundi (13 février), la direction d'EDF PEI et le syndicat FE-CGTG étaient reçus à Basse-Terre, à la préfecture, pour une reprise des discussions appelées des voeux de plusieurs élus et nombreux citoyens.
Une réunion qui se tient en présence de Frédéric Maillard, président d'EDF PEI, qui a fait le déplacement pour l'occasion.
Une journée qui a permis deux avancées notables. La première repose sur le fait que 7 des 18 points de revendications ont été définitivement actés. Il reste néanmoins de gros points d'achoppement.
Le second point positif est la remise en route de deux moteurs à la centrale de Jarry (Baie-Mahault) afin qu'il n'y ait pas plus de délestages pour les quelque 220 000 clients d'EDF Archipel Guadeloupe.
Les deux parties ont convenu de se retrouver ce mardi 14 février, toujours à la préfecture dans le but de reprendre les négociations. Nul doute que l'article 16 sera au coeur des discussions.
Une histoire de gros sous
L’article 16 prévoit le versement par EDF PEI d’une indemnité forfaitaire, globale et exceptionnelle aux 106 salariés de la filiale guadeloupéenne. Une sorte de solde de tout compte censé couvrir les différents préjudices professionnels et moraux qu’auraient subis ces derniers.
En contrepartie, le syndicat FE-CGTG s’engage à renoncer de façon définitive et irrévocable à l’application de l’accord Bino ainsi qu’à toutes les autres demandes contenues dans son préavis de grève du 5 décembre.
Il s'agit là du cadre, reste maintenant à s’accorder sur le montant de l’indemnité et c’est là que cela coince. EDF PEI est prêt à mettre la somme totale de 560 000 euros. Insuffisant, très insuffisant rétorque le syndicat qui réclame 6 millions d’euros, soit 11 fois plus.
Une demande d’autant plus légitime pour Jimmy Thélémaque que EDF PEI affiche une santé financière des plus florissantes, de l’aveu même de son président.
Le 9 janvier dernier, Frédéric Maillard a ainsi envoyé un mail à l’ensemble des salariés du groupe pour leur souhaiter ses voeux pour 2023. Quelques paragraphes plus loin, il écrit, "notre EBITDA devrait être bien supérieur à notre objectif de 331 millions d’euros".
L’EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization) est un indicateur financier anglo-saxon qui peut se traduire par bénéfice avant impôts, intérêts, dépréciation et amortissement.
331 Millions d’euros... Et ce chiffre est rendu public alors que la filiale guadeloupéenne est en grève depuis le 18 décembre…
Voilà sans doute l’une des clés de ce conflit social qui dure désormais depuis 57 jours.