Les grévistes de la Centrale électrique de la Pointe Jarry, gérée par la société EDF PEI (Electricité de France – Production électrique insulaire), ont décidé de faire preuve de bonne volonté, en cette fin de semaine. Après 20 jours de grève, depuis hier (samedi 7 janvier 2023), ils veillent à couvrir les besoins en énergie, afin d’éviter tout délestage.
Le fait est que durant plusieurs jours, l’arrêt total de leur outil de travail impactait la population guadeloupéenne ; de dizaines de milliers de particuliers et d’entreprises subissaient des coupures de courant.
Dans un communiqué, le ministre en charge des Outre-mer rappelait, vendredi 6 janvier 2023, les conséquences néfastes matérielles, économiques et sanitaires que cette situation pouvait engendrer. Jean-François Carenco appelait aussi les parties à renouer un « dialogue de qualité ».
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Par ailleurs, le directeur général d’EDF PEI, Alain Delorme, avait conditionné la reprise des négociations à la remise en marche de la Centrale.
C’est donc collectivement que les salariés mobilisés ont décidé de mettre de l’eau dans leur vin, tout en rappelant que leur combat est légitime.
La fin des délestages
Alors que jusqu’ici seule la Fédération de l’énergie (FE-CGTG) avait pris la parole, une « Union des travailleurs » (à savoir les syndicats FE-CGTG, CFDT-PEI, FO-Energie et Mines, Sud Energie) a signé un communiqué, samedi, pour annoncer la remise en route des moteurs de la Centrale de la Pointe Jarry, dans la soirée, par le personnel en grève ; un signe d’apaisement autant qu’une réponse au communiqué du ministre en charge des Outre-mer.
Nous avons réalimenté la population, de façon à éviter totalement les zones de délestage (...) et que cette population ne soit plus victime du comportement de notre employeur (...). Nous attendons de voir comment ce monsieur va réagir par rapport, lui aussi, au courrier du gouvernement.
Nathanaël Vérin, délégué syndical de la FE-CGTG EDF PEI
Les grévistes ayant démontré leur bonne foi, ils mettent leur patron au défi de revenir à la table des négociations, en prenant la population à témoin.
Le directeur général d'EDF PEI a saisi la balle au bond, en disant sa volonté de reprendre les discussions, là où elles s'étaient arrêtées, le 3 janvier dernier.
Tout ce week-end, il n’y a pas eu de coupures d’électricité et c’est bien l’essentiel ; c’est que la population guadeloupéenne ait de l’électricité. Nous sommes donc maintenant favorables à la reprise des négociations, en début de semaine, avec les deux syndicats qui ont déposé un préavis de grève (...).
Alain Delorme, directeur général d’EDF PEI
Le droit du travail non respecté à EDF PEI ?
Le personnel mobilisé tenait aussi à préciser que ses revendications « ne portent pas sur l’amélioration de ce que prévoit déjà la loi, mais sur des dispositions minimales expressément fixées par le Code du travail » que la direction d’EDF PEI ne respecte pas, écrit l’« Union des travailleurs ».
Les points qui lui sont reprochés sont très graves. Il en va de l’application du code du travail. Il [NDLR : le directeur général] a déjà été condamné par exemple pour l’accord Bino, jusqu’en Cour de Cassation.
Nathanaël Vérin, délégué syndical de la FE-CGTG EDF PEI
Les 19 points de revendication concernent la protection de la santé des salariés, la rémunération, le mode de calcul des congés payés, les repos hebdomadaires, le recours à l’intérim, ou encore les cotisations retraites.
POUR ALLER PLUS LOIN/
Voici la plateforme de revendications de la FE-CGTG, communiquée à la direction d’EDF PEI le 5 décembre 2022.
1. Santé
- Respect de la durée maximale du travail fixée par l’article L.3131-15 du Code du Travail ;
- Strict respect du repos quotidien fixé par l’article L.3131- 1 du Code du Travail ;
- Strict respect du repos hebdomadaire fixé par l’article L.3132-2 du Code du Travail ;
- Maitrise des Risques Psychosociaux.
2. Sécurité
- Application du Recueil de Prescriptions aux Personnels (RPP) ;
- Mise en conformité du processus de consignation avec le RPP ;
- Délégation et Autorisation ;
- Désignation du Chef d’Exploitation ;
- Éradication du travail isolé ;
- Évaluation des risques sur tous les travaux fortuits.
3. Accord BINO rétroactif sur 5ans
- Salaire de base compris entre le SMIC à 1.4 SMIC : 6 NR ;
- Salaire de base compris entre le 1.4 SMIC à 1.6 SMIC : 4 NR ;
- Salaire de base supérieur à 1.6 SMIC : 2 NR.
4. Application du code du Travail
- Égalité de traitement salarial pour les intérimaires (Art. L.1251-18 et Art. L.1251-43 du Code du Travail).
5. Droit à la révision de carrière
- Préjudice de carrière.
6. Conditions de travail
- Fixation de la contrepartie au temps d’habillage/de déshabillage (article L.3121-3 du Code du Travail);
- Prime thermique ;
- Versement correspondant à la partie retour de l’indemnité kilométrique ;
- Paiement de la contrepartie du temps de douche (art. R.3121-2 du Code du Travail ;