Haïti : des femmes privées de soins, la famine qui guette et un message de solidarité des Catholiques de Guadeloupe

Des Femmes courent devant une voiture de police blindée, à Port-au-Prince (Haïti) - 07/03/2024.
Haïti souffre, son peuple souffre, tandis que la crise politique et sécuritaire tarde à être résolue. Alors que l’état d’urgence est décrété, les femmes (notamment celles enceintes) sont un peu plus éloignées des soins dont elles ont besoin, les marchandises sont pillées au port augmentant le risque de famine et l’aéroport est fermé pour cause d’insécurité. Peut-être que les prières des Catholiques de Guadeloupe parviendront à la population, isolée et meurtrie.

Chaque jour, des informations dramatiques nous parviennent d’Haïti. La population souffre sur place, victime des gangs qui règnent sur une grande partie du territoire, des difficultés à s’approvisionner en denrées alimentaires ou encore à accéder aux soins ; les plus jeunes, quant à eux, sont nombreux à être privés de scolarités.
Les gangs persécutent les locaux de multiples manières : violences, viols, pillages, incendies, kidnappings, etc. La criminalité ne cesse d’augmenter.

Une femme allongée sur le trottoir pleure un membre de sa famille, abattu par des assaillants inconnus, alors qu'il était assis sur sa moto, dans le quartier de Delmas, à Port-au-Prince (Haïti) - 08/03/2024.

Des femmes en mal de soins

Dans ce contexte et alors que la capitale Port-au-Prince est soumise à l'état d'urgence, l’Organisation des Nations Unies (ONU) s’est inquiétée, hier (vendredi 8 mars 2024), du sort des 3000 femmes enceintes, ainsi que de l’accès aux soins pour les survivantes de violences sexuelles. S’en prendre aux femmes est un moyen d’installer la peur, pour les bandes armées.

Si la paralysie de la zone métropolitaine de Port-au-Prince se poursuit, au cours des prochaines semaines, près de 3.000 femmes enceintes risquent de ne pas pouvoir accéder aux soins de santé essentiels (...). Près de 450 d'entre elles pourraient souffrir de complications obstétricales potentiellement mortelles sans assistance médicale qualifiée (...). Environ 521 survivants de violences sexuelles pourraient se retrouver sans soins médicaux d'ici fin mars.

Communiqué commun de plusieurs représentants de l'ONU en Haïti

Trop de femmes et de jeunes femmes en Haïti sont victimes de la violence aveugle commise par les gangs armés (...). Les Nations Unies s'engagent à continuer à leur apporter l'assistance.

Ulrika Richardson, coordinatrice humanitaire de l'ONU pour Haïti

Un risque accru de famine

Les gangs, qui contrôlent la majeure partie de la capitale ainsi que les routes menant au reste du territoire, s'en prennent aux sites stratégiques (commissariats, prisons, tribunaux, etc.), depuis plusieurs jours, en l'absence du premier ministre contesté Ariel Henry, dont ils réclament la démission, tout comme une partie de la population. Celui-ci est bloqué à Porto Rico, après un voyage à l'étranger, selon les dernières nouvelles.
Le gouvernement haïtien a décrété l'état d'urgence dans la capitale et le département de l'Ouest qui comprend Port-au-Prince ainsi qu'un couvre-feu nocturne difficilement applicable.
Les administrations et les écoles sont fermées.

En raison de l'insécurité, l'aéroport ne fonctionne plus, de même que le port de la capitale, dont l'opérateur a suspendu les activités, jeudi.
Le port était le théâtre, vendredi, de scène de pillages. Les forces de l'ordre sont parvenues à sécuriser une partie de l'enceinte, mais les pillages de conteneurs remplis de produits essentiels, comme de la nourriture et des fournitures médicales, se poursuivent.
"Si l'on ne peut plus accéder à ces conteneurs, Haïti aura faim bientôt", alerte l’ONG Mercy Corps, témoin des risques pour l'approvisionnement de la population du pays. Pour rappel, les responsables de l'ONU affirment que la moitié de la population n'a pas assez à manger et que 1,4 million de personnes meurent de faim.

Une femme cuisine dans un refuge pour familles déplacées par la violence des gangs, à Port-au-Prince (Haïti) - 08/03/2024).

L’appel à la prière de Mgr Guiougou pour la paix en Haïti

Une nouvelle voix s’élève, pour exprimer son soutien "au peuple d’Haïti, à l’Eglise d’Haïti, aux prêtres du presbytérium et aux Sœurs et Frères d'origine haïtienne vivants en Guadeloupe" : celle de Monseigneur Philippe Guiougou. L’évêque de Basse-Terre et de Pointe-à-Pitre, dont la devise épiscopale est "Ut Omnes Unum sint" ("Que tous soient un !"), adresse un « message de solidarité et de courage » aux habitants de ce pays pauvre de l’île d’Hispaniola, enlisé depuis plusieurs mois, voire années, dans une crise sécuritaire et politique majeure.

L’évêque de Guadeloupe invite les Catholiques à faire une prière pour ce "peuple frère de la Caraïbe", demain, 10 mars 2024, le quatrième dimanche du Carême.

Dans ce même esprit, j'invite les prêtres à organiser dans toutes les communautés paroissiales du Diocèse de la Basse-Terre à la Grande-Terre et des Îles du Nord aux Îles du Sud : une INTENTION DE PRIERE aux messes dominicales, du 10 mars au 14 avril 2024, pour la paix en Haïti à cause des violences criminelles qui ravagent les hommes et les femmes de ce peuple meurtri dans sa chair et dans son esprit.

Monseigneur Philippe Guiougou, évêque de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre

Des habitants fuient leurs maisons lors d'affrontements entre la police et un membre d'un gang dans le quartier du Portail, à Port-au-Prince (Haïti) - 29/02/2024.