Haïti : deux journalistes assassinés par un gang

C'est dans le quartier de Laboule 12, au Sud de Port-au-Prince, que les deux journalistes ont été tués - 06/01/2022
En l'absence de répression, les gangs font toujours la loi, en Haïti. Et ils n'apprécient certainement pas que la presse s'approche de trop près des secteurs qu'ils contrôlent. Deux journalistes de radios locales ont été assassinés, jeudi. Un troisième a pu prendre la fuite.

Deux journalistes haïtiens ont été assassinés, jeudi 6 janvier 2022, par un gang qui opère dans une zone en périphérie de la capitale d'Haïti, Port-au-Prince, a indiqué une station de radio qui employait l'une des deux victimes.
Wilguens Louissaint et Amady John Wesley ont été tués lors d'une fusillade, a précisé à l'AFP l'employeur du second, Radio Ecoute FM.
Un troisième journaliste, qui les accompagnait, a pu s'enfuir, selon la même source.

Ces assassinats interviennent alors qu'Haïti est, depuis des mois, sous la coupe réglée de gangs, dont l'emprise s'est largement étendue au-delà des quartiers défavorisés de Port-au-Prince.

La zone de Laboule 12, où les trois journalistes s'étaient rendus, pour un reportage, fait l'objet d'intenses combats, entre plusieurs bandes armées qui veulent s'en assurer le contrôle.
Le chemin qui la traverse est l'unique voie alternative, pour rejoindre la moitié sud du pays, faute de pouvoir emprunter la route nationale totalement contrôlée, depuis juin, par l'un des plus puissants gangs d'Haïti.

La crise politique, dans ce pays pauvre des Caraïbes, encore aggravée par l'assassinat du président Jovenel Moïse, il y a six mois, n'a fait que détériorer la situation sécuritaire.
Au moins 950 enlèvements ont été recensés, en Haïti, en 2021, selon le Centre d'analyse et de recherche en droits humains, organisation basée à Port-au-Prince.

Sous-équipée, face à des groupes criminels disposant d'un arsenal de guerre, la police haïtienne n'a pas organisé d'opérations d'ampleur, contre les gangs, depuis mars 2021.
Le 12 mars dernier, les forces de l'ordre avaient tenté d'intervenir, dans un quartier de la capitale, connu pour être utilisé par un gang comme lieu de séquestration de personnes enlevées.
Quatre policiers avaient alors été tués ; leurs corps et du matériel n'avaient jamais pu être récupérés.