Haïti : la composition du Conseil présidentiel de transition finalisée

Une femme prépare de la nourriture dans un refuge pour les familles déplacées par la violence des gangs à Port-au-Prince (Haïti), où la famine atteint un niveau alarmant.
Un pas de plus est franchi, vers la mise en place d’une gouvernance légitime en Haïti, où règne le chaos. La composition du Conseil présidentiel de transition est actée ; les neuf membres représentent les différents courants politiques du pays, ainsi que la société civile. Ne reste plus qu’à mettre en place un conseil électoral, en charge des futures élections. En attendant, les gangs poursuivent leurs funestes actions. Le nombre de personnes fuyant la capitale grandit continuellement. L’ONU appelle à la protection des réfugiés Haïtiens.

On peut se réjouir d’une avancée capitale, en Haïti : les négociations, en vue de la formation du Conseil présidentiel de transition, sont terminées.
Les violences ne se sont pas estompées malgré tout, pour le moment.

Une gouvernance qui fait consensus

Tous les secteurs ont finalement désigné leur représentant au sein du Conseil présidentiel de transition d’Haïti, qui comptera bien neuf membres : sept membres actifs, qui représenteront les principales formations ou tendances politiques du pays et deux observateurs, pour la société civile et le monde religieux.
Ce conseil présidentiel de transition est appelé à assurer, comme son nom l’indique, la présidence du pays, jusqu’à de nouvelles élections. Il a fait l’objet de nombreux débats, ces derniers jours.
Cette solution, approuvée par la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et la Communauté internationale, a soulevé la controverse, dans le milieu politique notamment.

Maître Gédéon Jean, avocat et directeur du Centre d’analyse et de recherche sur les droits humains (CARDH), représentera la société civile au sein du Conseil. Pour lui, ce n’est pas la formule idéale, mais c’est une réponse à l’urgence de la crise.

Toutes les grandes tendances politiques se trouvent au sein de ce Conseil, incluant la société civile que je représente. Ce n’est pas la solution idéale, mais cela répond à un besoin. Quand on vient avec cette solution, ça permet quand même de passer un cap, à savoir trouver une formule consensuelle, pour pouvoir mettre en place le nouveau gouvernement et le conseil électoral.

Gédéon Jean, représentant de la société civile au sein du Conseil présidentiel de transition en Haïti

C’est ce conseil électoral qui va fixer la durée de la transition et son champ de compétences, puis organiser les tant attendues élections.
La nouvelle instance provisoire est donc le moyen d’avancer vers la concrétisation d’un nouveau gouvernement légitime, représentatif, car choisi par l’ensemble des Haïtiennes et Haïtiens, lors d’un scrutin démocratique.

33.000 Haïtiens ont fui la capitale en deux semaines

Plus de 33.000 personnes ont fui la zone métropolitaine de Port-au-Prince, en l’espace de deux semaines, entre le 8 et le 20 mars, pour se mettre à l'abri de l'escalade des attaques de gangs, a annoncé ce vendredi (22 mars 2024) l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), une agence onusienne.

Depuis quelques semaines, les attaques armées se sont intensifiées dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, la capitale d'Haïti. En plus de créer des déplacements à l'intérieur de cette zone, les attaques et l'insécurité généralisée poussent de plus en plus de personnes à quitter la capitale pour trouver refuge dans les provinces, en prenant le risque de passer par des routes contrôlées par des gangs.

OIM

Les personnes en fuite ont principalement rejoint les départements du Grand Sud, qui accueillent déjà 116.000 déplacés.

Ces provinces n'ont pas suffisamment d'infrastructures et les communautés hôtes n'ont pas de ressources suffisantes qui peuvent leur permettre de faire face à ces flux de déplacements massifs venant de la capitale.

OIM

Une grande partie des personnes ayant fui la capitale étaient déjà des déplacés, au sein même de Port-au-Prince, parfois plusieurs fois.

L’ONU appelle à la protection des réfugiés Haïtiens

Mercredi (20 mars 2024), les Nations unies ont rappelé que les Haïtiens doivent bénéficier de la protection des réfugiés et ne pas être renvoyés de force dans leur pays, où les gangs font régner la terreur.
Face à la situation chaotique qui règne, notamment dans la capitale Port-au-Prince, et les craintes d'un exode massif, le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés a pris les devants et rafraîchi les directives devant assurer que les Haïtiens les plus vulnérables seront protégés.

La vie, la sécurité et la liberté des Haïtiens sont menacées par une confluence de violences croissantes des gangs et de violations des Droits de l'Homme (...). Nous réitérons également notre appel à tous les Etats à ne pas renvoyer de force les personnes vers Haïti, y compris celles dont la demande d'asile a été rejetée.

Elizabeth Tan, chef de la division de protection internationale du HCR

L'agence de l'ONU souligne qu'un large éventail d'Haïtiens pourrait bénéficier de la Convention sur les réfugiés de 1951 : militants politiques, journalistes, juges, avocats et d'autres personnes luttant contre la corruption et la criminalité.
De plus il est rappelé que la Déclaration de Carthagène de 1984 étend la protection aux "individus touchés par des circonstances qui perturbent gravement l'ordre public dans le pays et par une violence généralisée dans les zones touchées par les activités des gangs".