Le rapport conjoint du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme et du Bureau intégré des Nations unies en Haïti se concentre sur le secteur du Bas-Artibonite (centre), à environ 100 kilomètres de la capitale, qui connaît une augmentation significative de la violence des gangs depuis deux ans.
Entre janvier 2022 et octobre 2023, au moins 1 694 personnes y ont été tuées, blessées ou kidnappées, selon le rapport, et les enlèvements contre rançon "sont devenus une crainte constante pour les usagers des transports publics".
Le rapport cite l'exemple d'une jeune femme de 22 ans capturée dans un bus en mars par un gang, battue et violée pendant une captivité de plus de deux semaines et qui a mis fin à ses jours peu après sa libération.
1 694 personnes y ont été tuées, blessées ou kidnappées entre janvier 2022 et octobre 2023
Selon la même source, des groupes criminels saccagent des villages "rivaux", en recourant notamment aux violences sexuelles contre les femmes et les jeunes filles.
Leurs exactions incluent aussi la destruction de biens, d'après l'ONU, qui note qu'ils "pillent les propriétés, les récoltes et le bétail des agriculteurs et détruisent les canaux d'irrigation", contribuant au déplacement "de plus de 22 000 personnes" hors de leurs villages, réduisant la superficie des terres cultivées et augmentant l'insécurité alimentaire, déjà très importante.
Dans un contexte de "choquante augmentation de la violence des gangs", qui contrôlent 80% de Port-au-Prince, le rapport appelle "au déploiement urgent" de la mission multinationale de sécurité menée par le Kenya et validée par le Conseil de sécurité en octobre.
"La situation est cataclysmique" en Haïti, a indiqué le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme Volker Türk dans un communiqué de son bureau, soulignant que ces violences touchent notamment les hôpitaux.
D'après lui, au moins 3 960 personnes ont été tuées, 1 432 blessées et 2 951 kidnappées cette année en Haïti dans les agissements des gangs.
M. Türk a également demandé que le Conseil de sécurité "mette à jour la liste des individus et entités soumis aux sanctions de l'ONU pour avoir soutenu, préparé, ordonné ou commis des actes contraires aux droits humains" dans ce pays.