C’est une catastrophe humanitaire de plus en Haïti. Pour la première fois, la phase cinq, de la classification de sécurité alimentaire a été relevée dans l’un des plus grands bidonvilles de Port-au-Prince. A la Cité du Soleil, 19 000 personnes n’ont pas assez à manger.
Cela signifie qu'elles n'ont probablement plus qu'un repas par jour, et qu'il n'y a pas les protéines, les légumes frais ou tout autre nutriment essentiel dont les gens ont besoin pour survivre.
Jean-Martin Bauer, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) pour Haïti
Conjoncture socio-économique
Voilà maintenant des années que le pays est tourmenté par des instabilités politiques, gangrené par les bandes criminelles. De plus, Haïti est en proie à une inflation élevée et, en septembre dernier, l’annonce de l’augmentation du prix de l'essence a donné lieu à des émeutes, pillages et des manifestations contre le Premier ministre, Ariel Henry.
Pour lutter contre les bandes criminelles, le 9 octobre dernier, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réclamé l'envoi de troupes par la communauté internationale pour soutenir Haïti. Cependant, au sein de la population, la pilule n’est pas passée. Le lendemain, des milliers d'Haïtiens ont manifesté à Port-au-Prince, pour protester contre le gouvernement et son appel à l'aide étrangère afin de faire face à l'insécurité endémique, à la crise humanitaire et à une épidémie naissante de choléra.
Nous avons observé une augmentation de 200.000 personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë et une augmentation d'un demi-million de personnes en situation d'insécurité alimentaire d'urgence.
Jean-Martin Bauer, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) pour Haïti.
L’insécurité alimentaire s’aggrave au fil des années
Toujours selon, le responsable du PAM dans le pays, Jean-Martin Bauer, l’insécurité alimentaire aiguë concerne 4,7 millions de personnes en Haïti, parmi elles "1,8 million sont confrontées à des niveaux d'insécurité alimentaire d'urgence".
Des chiffres qui ont progressé au cours des six derniers mois.