Le 4 avril 2023, Dominique Le Guluduc, présidente sortante du collège de la Haute Autorité de Santé (HAS) est appelée à auditionner durant une session de la Commission des Affaires Sociales de l'Assemblée Nationale. Face à elle, les présidents de groupes ainsi que les députés de la nation, parmi lesquels le député de la 4ème circonscription de Guadeloupe, Élie Califer.
S'il est vrai que les échanges portent sur des questions délicates telles que la gestion de la crise sanitaire, les déserts médicaux ou la réintégration du personnel soignant suspendu, l'intervention d'Élie Califer jette un pavé dans la marre.
Sur un ton très ferme, le député pointe du doigt la "situation catastrophique" des hôpitaux de la Guadeloupe durant les vagues Covid, allant jusqu'à parler d'"hôpitaux de la mort" et à évoquer le fait qu'on aurait "débranché les gens pour accélérer leur départ". Des mesures extrêmes dues, selon le député, à la suspension des soignants et au manque de personnel.
Tollé général
En Guadeloupe, c'est l'onde de choc. Le premier à régir est André Atallah, président de l'antenne locale de la Fédération Hospitalière de France. Après avoir salué "l'engagement exemplaire de toute la famille hospitalière, pleinement mobilisée face à la situation sanitaire catastrophique et inédite induite par la pandémie de Covid19", il identifie une incohérence temporelle dans le discours du député, qui évoque les soignants suspendus à un moment où les soignants non-vaccinés n'étaient pas encore sous le coup de l'obligation vaccinale.
Même son de cloche chez le collectif "Guadeloupe, éthique et démocratie" par voie de communiqué puis par l'un de ses représentants le psychiatre Michel Eynaud qui évoque des propos "qui ne respectent pas la vérité des faits." et les trouvent étonnants dans la bouche d'un ancien président de la Fédération Hospitalière, qui plus est en fonction durant les pics épidémiques de mars à août 2021.
Éric Guyader, Directeur du CHU, estime que ces propos "sont mensongers et doivent être condamnés avec la plus extrême fermeté."
Marie-Luce Penchard, elle, est plus mesurée dans sa condamnation. Elle reconnaît la gravité des "révélations" d'Élie Califer, mais veut aller plus loin.
Pour moi, on ne doit pas banaliser cette affaire en l'assimilant à un simple dérapage verbal d'un député. Les Guadeloupéens que nous sommes, comme tout citoyen Français, ont le droit de savoir ce qui s'est réellement passé sur la base d'une enquête indépendante par respect pour toutes les familles qui ont perdu un proche lors de la pandémie, mais aussi pour les médecins et le personnel hospitalier qui ont fait de leur mieux pour sauver des vies.
Marie-Luce Penchard - par voie de communiqué
Au final, s'il y a bien une chose sur laquelle l'ensemble des détracteurs d'Élie Califer se rejoignent c'est l'urgence à tourner la page de la pandémie Covid, d'autant que la HAS s'est elle-même prononcée en faveur de la réintégration des personnels non-vaccinés, appuyée par le ministre de la Santé.
L'heure est donc à la division ou à la polémique mais plutôt à la résolution de "tensions sociales qui n'ont que trop duré."
Au cœur de la tempête, Élie Califer a tenté de jouer la carte de l'apaisement. Il a précisé qu'il n'avait jamais eu l'intention de remettre en doute l'engagement du personnel soignant "qu'il a toujours accompagné par les fonctions qu'il a eu dans le passé." mais il voulait surtout demander à "l'État d'accorder aux hôpitaux les moyens de fonctionner."