L'OECO (l'Organisation des Etats des Caraïbes Orientales) regroupe les îles d'Antigua-et-Barbuda, de la Dominique, de Grenade, de Sainte-Lucie, de Saint-Vincent-et-les Grenadines, de Saint-Kitts-et-Nevis, de Montserrat, d'Anguilla. La Guadeloupe et la Martinique ont la qualité de membre associé à l’OECO depuis respectivement 2019 et 2015. Les Iles Vierges Britanniques ont également le statut de membre associé de l'OECO tout comme Anguilla.
Dans un communiqué, les dirigeants ont déclaré avoir noté : « la demande du gouverneur de pouvoirs supplémentaires qui lui permettront de contourner le gouvernement territorial et de mettre en œuvre unilatéralement les recommandations de la commission d'enquête pour les réformes de la gouvernance aux îles Vierges britanniques. »
Ils ont déclaré qu'ils condamnaient « fermement tout effort visant à saper le gouvernement légitime des îles Vierges britanniques et ont exprimé leur solidarité avec le gouvernement et le peuple des îles Vierges britanniques dans la mise en œuvre du processus de réformes.»
Un rapport sur la Gouvernance à l’origine de la démarche du Gouverneur
Le rapport de la commission d'enquête pour les réformes de la gouvernance aux îles Vierges britanniques a été publié en avril 2022, il y a vingt et un mois. Selon le Gouverneur John Rankin, ce rapport a constaté une mauvaise gouvernance, un manque de responsabilité et une mauvaise utilisation des fonds publics. Les membres de l'Assemblée ne déclaraient pas leurs intérêts et les deux tiers de tous les contrats de plus de 100 000 $ ne faisaient pas l'objet d'un appel d'offres ouvert. Il y avait de sérieuses inquiétudes concernant le système de subventions d'aide, qui ont été clairement démontrées dans les audits effectués par le Vérificateur général.
Il a ajouté que la commission d’enquête avait formulé 49 recommandations pour aider à résoudre ces problèmes et placer les îles Vierges britanniques sur une meilleure voie vers une bonne gouvernance.
Le Gouverneur John Rankin a déclaré qu'en juin 2022, le gouvernement d'unité nationale avait accepté 48 de ces 49 recommandations et s'était engagé à les mettre en œuvre, ajoutant que les politiciens de tous les partis politiques étaient d'accord sur le fait que la mise en œuvre de ces réformes était vitale.
Le Gouverneur a indiqué que les progrès concernant ces engagements se sont considérablement arrêtés. Si en septembre dernier, 24 des 48 recommandations avaient été mises en œuvre à ce jour (mi-janvier 2024), une seule recommandation supplémentaire a été mise en œuvre.
Alors que le délai initial de mise en œuvre était fixé à mai 2024, le Gouverneur a suggéré dans son rapport trimestriel qu'une prolongation jusqu'à fin novembre 2024 serait appropriée. Mais il a ajouté qu'en plus d'une prolongation du délai jusqu'à la fin novembre, il serait clairement nécessaire de prendre des mesures supplémentaires pour faire avancer la mise en œuvre des recommandations du rapport de la commission d’enquête.
Une demande de mesures supplémentaires et donc de pouvoirs supplémentaires vivement dénoncée par le bloc des pays de l’OECO
Si les dirigeants de l'OECO partagent le constat avec le Gouverneur “qu'il reste beaucoup de travail à accomplir dans le processus de réformes recommandé par la commission d'enquête” ils divergent en revanche totalement quant aux conclusions qu’en tire le Gouverneur, à savoir qu’il lui faudrait davantage de pouvoirs.
Au contraire, ils appellent le Royaume-Uni à fournir au gouvernement des îles Vierges britanniques toute l’assistance technique nécessaire pour soutenir le processus.
Ils ont également «noté avec une profonde préoccupation que les efforts visant à contourner le gouvernement élu des îles Vierges britanniques démontrent un manque de respect flagrant pour les principes fondamentaux de la démocratie qui visent essentiellement à préserver et à promouvoir la dignité et les droits de l'individu, à respecter la volonté de la majorité, à favoriser développement économique et social, renforcer la cohésion de la société et maintenir/renforcer la tranquillité nationale ».
Ils ont souscrit aux vues exprimées par le gouvernement et la population des îles Vierges britanniques, selon lesquelles l'octroi de pouvoirs supplémentaires au gouverneur est une « loi coloniale » qui n'a pas sa place dans la gouvernance démocratique moderne dans la région de l'OECO.
Les dirigeants ont « réitéré que la responsabilité historique du renforcement de la gouvernance dans les îles Vierges britanniques doit reposer sur les épaules des représentants élus et de la population des îles Vierges britanniques » et que « ce sera en fin de compte la garantie d’une bonne gouvernance et d’une responsabilité pleine et transparente ; et que le droit inaliénable du peuple des îles Vierges britanniques à l’autodétermination, tel que consacré dans la Charte des Nations Unies, doit être préservé.
Dans leur déclaration, les dirigeants de l'OECO « ont en outre réitéré qu'une décision d'accorder cette demande au gouverneur contreviendrait aux principes et objectifs démocratiques de la Charte des Nations Unies, de la Déclaration universelle des droits de l'homme et de la Convention internationale relative aux droits civils et politiques Déclarations et Conventions auxquelles le Royaume-Uni est parti. »
Ils exhortent « fortement » Londres à s’abstenir d’accorder les pouvoirs antidémocratiques demandés par le gouverneur.
« Cet acte entravera la démocratie aux Îles Vierges britanniques et détruira la confiance existante entre le gouvernement et le peuple des îles Vierges britanniques et le Royaume-Uni », ont-ils déclaré, réaffirmant la « volonté de l'OECO de fournir un soutien technique et autre aux îles Vierges britanniques (en tant que membre associé de l’Organisation) dans son processus de réformes de la gouvernance.»