Illettrisme : 16 % des adultes guadeloupéens rencontrent des difficultés face à l’écrit

En Guadeloupe, 16 % des adultes âgés de 18 à 64 ans rencontrent des difficultés avec la lecture, l’écriture, ou la compréhension de textes simples, selon l'Insee
En Guadeloupe, 16 % des adultes âgés de 18 à 64 ans rencontrent des difficultés avec la lecture, l’écriture, ou la compréhension de textes simples. Parmi eux, la moitié ne parle pas le français comme langue maternelle, ce qui ajoute une barrière supplémentaire. Les impacts de ces difficultés sont multiples, freinant l'accès à l'emploi, à l’éducation, et à la vie numérique.

Des données collectées en 2022 par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) mettent en lumière une réalité préoccupante : environ 35 000 adultes en Guadeloupe, soit 16% des personnes âgées de 18 à 64 ans, font face à des difficultés dans les domaines de l’écrit et de la lecture. Les compétences nécessaires pour naviguer dans la vie quotidienne et professionnelle, telles que lire une notice, remplir un formulaire ou comprendre un texte simple, ne sont pas toujours maîtrisées.

Pour 12% de ces adultes, ces difficultés sont jugées fortes.

Ces chiffres révèlent que les obstacles ne se limitent pas aux compétences linguistiques : 19% des adultes guadeloupéens éprouvent également des difficultés en calcul.

En France hexagonale, 11% de la population adulte est concernée. Parmi ces personnes, certaines n’ont pas passé les tests, leur maîtrise du français étant insuffisante pour pouvoir répondre aux exercices proposés.

La pratique de la langue française et le niveau de diplôme : des facteurs déterminants

Les données montrent un lien important entre la maîtrise du français et les difficultés en lecture et en calcul. Près de 50% des adultes rencontrant de sérieuses difficultés à l’écrit sont allophones : ils ont grandi avec le créole guadeloupéen, martiniquais ou haïtien, leur langue maternelle, tandis que le français est resté secondaire dans leur quotidien.

Cette situation rappelle le rôle crucial de l’apprentissage de la langue dans la lutte contre l’illettrisme.

Le niveau de diplôme constitue un autre facteur clé.

En Guadeloupe, où 27% des adultes ont un faible niveau de diplôme, les écarts avec l’Hexagone, où cette proportion atteint 16%, se répercutent sur la maîtrise de l’écrit et du calcul. Plus le niveau de diplôme est élevé, plus les compétences sont solides.
En effet, 37% des Guadeloupéens ayant au maximum le brevet des collèges éprouvent des difficultés, contre seulement 3% des titulaires d’un baccalauréat ou plus.

Le poids des inégalités sociales

Les difficultés en lecture et en calcul sont particulièrement concentrées dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), où la pauvreté et le chômage touchent davantage les populations.

Près de 30% des habitants de ces zones présentent des difficultés à l’écrit, contre 14% dans les quartiers non prioritaires.

Ces disparités sont renforcées par un accès limité aux ressources éducatives et à un environnement propice à l’apprentissage.

L'illettrisme, un frein à l’emploi

Les compétences en lecture et en calcul étant fondamentales dans de nombreux emplois, ces difficultés constituent un frein à l’accès au marché du travail.

En Guadeloupe, 70% des adultes rencontrant des difficultés à l’écrit et en calcul ne sont pas en emploi, ce qui limite leurs perspectives d’insertion.

Par ailleurs, ces personnes utilisent moins internet, avec 35 % d’entre elles qui n’y ont pas accédé au cours des trois derniers mois. Internet, qui pourrait être un vecteur d’insertion, reste donc sous-utilisé par cette population.