Imbroglio autour des demandes d'asile des migrants haïtiens secourus en mer

Placée en septaine, la cinquantaine de migrants rescapés a depuis été remise en liberté. La plupart a ainsi fait une demande de droit d'asile. De son côté, la préfecture leur a remis une convocation pour régulariser leur situation. Une mesure que dénoncent les associations de défense des étrangers.

Le 22 février dernier, au petit matin, 62 migrants en difficulté sur une embarcation étaient secourus, au large de Sainte-Rose et acheminés au port de Pointe-à-Pitre. Placés en zone d'attente, dans un hôtel du Gosier, la plupart ont depuis entamé des démarches pour obtenir le droit d'asile, sur le sol français. 

Démarche hâtive de la préfecture ?

À leur arrivée au port de Pointe-à-Pitre, les personnes migrantes ont fait l’objet d’un test PCR, puis d’un refus d’entrée sur le territoire français et ont été placées en zone d’attente. Elles ont également fait l’objet d’une mesure de septaine, en raison du contexte sanitaire.

Dans ce dossier où rien n’est simple, le juge des libertés et de détention a décidé de libérer les naufragés du Sea Lion de la zone d’attente où ils observaient une septaine depuis leur sauvetage, pour vice de procédure… Mais la préfecture les a invités à se présenter au guichet unique des demandeurs d’asile.

Une convocation avant même que l’OFPRA, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides n'ait reçu de demande de droit d’asile ou même adressé un refus à ces réfugiés haïtiens. Une démarche "déloyale" qui n'est pas dans "un cadre normal" de la préfecture explique Clémentine Plagnol, avocate des migrants haïtiens. 

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Pour la préfecture cette convocation doit permettre un examen rapide de leur situation…

Une situation inquiétante pour la Cimade

Mais depuis vendredi, et après la visite des autorités, plus de la moitié des ressortissants haïtiens ont quitté l'hôtel. Seuls 21 migrants sont encore hébergés là-bas… Une zone d’attente qu’ils doivent pourtant quitter impérativement ce lundi soir… Une situation qui inquiète les associations comme la Cimade, qui accompagne et propose un soutien aux migrants, aux réfugiés, aux déplacés, aux demandeurs d'asile et aux étrangers en situation irrégulière. Selon Micheline Dahomay, vice-présidente, les difficultés d'hébergement pour les 21 personnes encore à l'hôtel sont bien réelles. D'autant plus qu'il n'existe pas de CADA, centre d'accueil de demandeurs d'asile, dans l'archipel. 

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Parmi les 64 migrants, le sort des trois Indiens a été rapidement réglé par les autorités. Ils ont été reconduits à la frontière jeudi dernier (25 février 2021)… Les deux Dominicais qui présentaient plus un profil de passeurs que de migrants, ont, eux, été transférés à la Juridiction interrégionale spécialisée à Fort-de-France. Ils ont été écroués dans l'île soeur en attendant leur jugement.