On se lève un matin, on est l'homme le plus heureux du monde... On a tout ce qu'un homme pourrait désirer : une enfant unique, une épouse aimée... Et le soir venu, on a plus rien...
Christian Colombo
Il se sera peu exprimé pendant 15 longues années. Christian Colombo a perdu sa femme de 50 ans, Marie, et sa fille unique, Catiuska, sa fille unique de 24 ans, étudiante en médecine, dans l’incendie du bazar chinois de la rue Sadi Carnot de Pointe à Pitre, le 21 décembre 2007. En tout, huit personnes ont perdu la vie ce vendredi.
Un jour dramatique qui continue d'habiter Christian.
"Un deuil collectif"
Ce 21 décembre 2022, comme chaque année, il s'est rendu au cimetière de Morne-à-l'Eau où il organise avec ses proches, une cérémonie du souvenir.
L’homme est profondément meurtri mais debout. Il évoque le drame avec beaucoup de retenue et de pudeur.
Durant ces quinze dernières années, il a pu compter sur un noyau dur qui s'est naturellement formé autour de lui. De la famille, des amis, présents... Mais, explique-t-il, il a également été soutenu par la Guadeloupe. L'incendie a marqué la population. Pour Christian, son drame fut le drame du pays, un "deuil collectif" répète-t-il.
mais reste très critique vis-à-vis de la longueur de la procédure de justice.
Un terrible drame, 8 victimes
Ce vendredi 21 décembre 2007, à quelques heures du début des vacances de Noël, dans les artères étroites et encombrées du centre de Pointe-à-Pitre, des jeunes gens jettent un pétard dans un magasin. Un geste qui va avoir des conséquences effroyables : l’incendie d’un bazar chinois situé rue Sadi Carnot à Pointe-à-Pitre.
Le pétard va enflammer les locaux du magasin qui regorge de matières inflammables, de tissus, de plastiques et même de pétards.
Les flammes vont littéralement emprisonner les personnes présentes à l'intérieur.
Catiuska Colombo, 24 ans et sa mère, Marie Colombo, âgée de 50 ans, l'épouse du gérant du bazar, Ling-Ling Ji et leur bébé de quelques mois, Marc Li, René Robert Joigny, 65 ans, Stéphane Lucbernet, 39 ans, Daryl Claudy Moulin, 16 ans à peine, sont les 7 victimes de l'incendie. Saïd Faddoul, la 8ème victime va décéder quelques jours plus tard. L'homme succombera à ses blessures. Brûlé au 3ème degré sur plus de 60% du corps, le commerçant avait tenté de venir en aide.
Un drame de l'inconscience
Quatre jeunes vont être mis en examen pour homicides involontaires. Ils venaient d'être chassés du magasin. Par inconscience et par vengeance, ils vont jeter un pétard allumé sur un autres tas d'explosifs exposés à la vente au sein de l'enseigne, en cette fin d'année.
Ce drame a profondément bouleversé l'archipel. Une chapelle ardente a permis aux Guadeloupéens de se recueillir.
Le procès s'est tenu, plusieurs années plus tard. Les audiences ont mis en lumière la responsabilité des jeunes, mais aussi celle des gérants du magasin, pour des manquements aux principes de sécurité.
Les responsables de la mairie, mais aussi le propriétaire ont été mis sur le banc des mis en cause pour les issues de secours.
Depuis ce drame, la vente de pétards est réglementée chez nous.
La procédure judiciaire s'est achevée cette année, quinze ans après le drame. Christian Colombo considère dérisoire l’indemnisation reçue pour le préjudice subi même si rien ne pourra jamais lui rendre sa famille.