"Nous n’arrivons pas à contenir la vague… même avec toute la volonté et les nuits debout, les personnes qui arrivent gravement atteintes décèdent"…
C’est le cri du cœur de cette interne pourtant habituée à côtoyer la mort mais jamais à de tels niveaux, obligée, raconte t-elle, d’expliquer à des proches que les leurs de 40 ans sans comorbidités, intubés sur le ventre ont de grandes chances de mourir.
Obligée aussi de dire à des enfants que leur père de 60 ans ne sera pas accepté en réanimation parce que le service ne peut pas donner de place à ceux qui n’ont que très peu de chances de s’en sortir vivants..
"Nous leur donnions autrefois l’opportunité de gagner du temps, de laisser le miracle opérer …Aujourd’hui nous n’avons plus les moyens de le faire..."
Pour elle, la majorité des familles en sortira endeuillée ou affaiblie. Les soignants espèrent juste sauver le maximum de personnes pour ne pas avoir ces morts sur la conscience.
Et de conclure que : "Nous payons un retard de vaccination, il serait de mauvaise foi de ne pas l’admettre…"
Tout en comprenant les raisons à l’origine de la méfiance, elle estime que la situation est bien trop tragique pour être politisée.
Et elle finit avec des mots lourds de sens :
"Aucun peuple ne pourra se battre pour sa liberté et sa justice s’il n’est pas vivant et en bonne santé".
Un texte qu’Ines Mabchou dédie à Mamy C, hospitalisée en gériatrie et qui s’est éteinte devant elle…. « Ta souffrance me hantera encore quelques jours, que Dieu t’ouvre les portes du paradis »..