JO Paris 2024 : Dengue, Zika, Chikungunya, quels sont les risques de contamination ?

Les risques de dengue aux JO de Paris 2024
À moins de deux semaines de l’ouverture des Jeux Olympiques Paris 2024, les autorités sanitaires d’Île-de-France restent inquiètes concernant les risques de contamination, durant ces JO, de nombreux virus transmis par les moustiques-tigres. Entre janvier et avril, près de 2 000 cas de dengue ont été importés dans l’Hexagone. Pour anticiper le risque, des chercheurs de l’Institut Pasteur ont analysé les capacités des moustiques à transmettre certains de ces virus dans des conditions météorologiques estivales. Objectif : mettre en place les stratégies de lutte au bon moment.

Entre 14 et 21 jours pour les virus de la dengue et du Zika, entre 3 et 7 jours pour celui du chikungunya, à 28 degrés, ce sont les durées d'incubation de toutes ces pathologies, en clair, le laps de temps entre la contamination et l'apparition des premiers symptômes. Pour l'Institut Pasteur, ces informations sont essentielles pour prendre la mesure du risque qui pèse sur les JO de Paris 2024, en raison du brassage important de population que l'événement va engendrer, alliant visiteurs et vacanciers de retour des zones endémiques.

Un contexte favorable à la hausse des contaminations

Entre le 1er janvier et le 19 avril 2024, 1679 cas importés de dengue ont été recensés en France hexagonale, soit 13 fois plus que l’année dernière sur la même période (source SPF). D'ores et déjà l'augmentation pendant des cas est envisagée pendant les JO. L’implantation du moustique tigre dans 78 départements en France hexagonale et le réchauffement climatique favorisent la transmission vectorielle.

La transmission des arbovirus s’effectue quand la femelle pique un individu porteur du virus et ingère des particules virales. Les arbovirus ont la particularité de résister à la digestion du moustique (ce qui n’est pas le cas des autres virus comme celui de la grippe, qui sont détruits lors de leur ingestion par le moustique). Puis, ils se multiplient dans tout l’organisme du moustique, y compris dans les glandes salivaires en plusieurs jours. Lorsque la femelle moustique ira ensuite piquer un autre humain, elle injectera du virus en même temps qu’elle aspirera sa dose de sang.

Des stratégies de lutte adaptées

Avec ces données sur les durées d'incubations, des stratégies adaptées de lutte pourront être développées. Si un cas de dengue, par exemple est détecté en Île-de-France, les services sanitaires savent qu'une désinsectisation doit avoir lieu dans les 21 jours, pour limiter les risques de contamination.

Ces résultats permettent d’ajuster la fenêtre de tir pour que l’approche soit optimale. Selon les températures qui toucheront la région francilienne cet été, ces informations seront essentielles pour adapter les mesures d’endiguement.

Anna-Bella Failloux, responsable de l’unité Arbovirus et insectes vecteurs de l’Institut Pasteur

Les professionnels de santé sont formés pour détecter les symptômes de ces arboviroses si les personnes signalent venir d’un pays endémique. La difficulté de la surveillance réside dans le fait que, notamment pour la dengue – maladie à déclaration obligatoire – 80% des cas présentent peu ou pas de symptômes. En cas de diagnostic posé pour l’une de ces maladies, une enquête est menée par les Agences régionales de santé afin de déterminer les lieux où ces personnes habitent ou sont passées les jours précédents et définir ainsi les zones à désinsectiser.

Depuis 2006, la surveillance du Moustique-Tigre de mai à novembre. La gestion des signalements, la surveillance de la présence des moustiques et l’intervention rapide autour des cas humains de maladies (lutte antivectorielle) relèvent des Agences régionales de santé (ARS), en lien avec leurs opérateurs.