Jour des Rameaux en Guadeloupe : comme une résurrection avant l’heure

Rameaux en main les catholiques sont entrés dans la Semaine Sainte
Les catholiques du monde entier entrent ce dimanche dans la semaine la plus importante de leur Religion. Et traditionnellement, c'est le dimanche des Rameaux qui ouvre cette semaine. Des Rameaux qui ont trouvé leur place sur les étals des marchés durant la semaine et qui se vendaient encore aujourd'hui aux portes des églises. Le signe d'ailleurs d'une société qui évolue entre ses traditions culturelles et ses pratiques religieuses.

Un dimanche pas comme les autres pour les catholiques. Difficile en effet de trouver une place dans leurs églises habituelles. Ce jour des Rameaux est aussi celui qui voit le retour de beaucoup de fidèles dans leurs paroisses. Conscients du monde dans lequel ils vivent, c'est d'abord pour lutter contre ses maux qu'ils veulent donner cette impulsion à leur foi.

©Guadeloupe

Signe cependant d'une pratique plus traditionnelle que régulière, beaucoup de catholiques sont des pratiquants annuels. S'ils désertent les églises durant le reste de l'année, sauf quelquefois à Noël où lors des mariages ou des enterrements, ils tiennent à vivre en église toutes les étapes de la Semaine Sainte. En concluant son homélie ce dimanche, Le Père Lucien Joseph, le curé de la paroisse du Sacré-Coeur de Pointe-à-Pître lancera comme un défi à tous ces pratiquants du temps pascal :

Jésus est toujours seul et abandonné comme le font ces chrétiens qui prennent d’assaut les Églises le dimanche des rameaux et dont la place reste vides les autres dimanches. Jésus est toujours seul et abandonné lorsque nous venons communier la bouche en cœur, quant à l’intérieur de nous nous gardons rancœur. Alors le défi pour cette semaine sainte, qu’allons-nous faire ? Que vais-je faire pour que Jésus se sentent moins seul ?

P. Lucien Joseph Curé du Sacré-Coeur

Ce retour conjoncturel ne peut donc pas traduire à lui seul l'état de santé de l'Eglise Catholique en Guadeloupe. Il parle juste des us et coutumes des Guadeloupéens. Pour avoir un tel bilan, il faut se baser sur une autre réalité qui se vivra aussi durant la Semaine Sainte, particulièrement le samedi, lors de la Vigile Pascale, au moment du baptême des catéchumènes. Des adultes qui décident de faire partie de l'Eglise Catholique et de se faire baptiser.
Cette année, l'Eglise Catholique de France parle de 30% d'augmentation du nombre des catéchumènes. En Guadeloupe, en plus des baptêmes d'enfants, ils seront près d'une cinquantaine à être baptisés dans les paroisses de l'Archipel. Si certains ont eu une pratique religieuse du fait de leur famille, beaucoup ont découvert par eux-mêmes le catholicisme et y ont adhéré.
Et malgré la progression constante des autres Eglises chrétiennes en Guadeloupe, l'Eglise Catholique vit une renaissance progressive. Beaucoup l'expliquent d'ailleurs par une évolution de la pratique religieuse, moins traditionnelle et plus spirituelle et pragmatique. Une connaissance accentuée par les évêques qui ont succédé à l'épiscopat de Mgr Ernest Cabo et notamment les deux derniers, plus jeunes et plus ancrés dans leur temps, ils s'attachent à répondre à ce renouveau de la foi en Guadeloupe.

Célébration du dimanche des Rameaux à l'église Saint Pierre et Saint Paul de Pointe-à-Pître

Reste que, aujourd'hui encore, il y a eu dans les églises des porteurs de rameaux qui l'ont par tradition, ou même pour répondre à des coutumes que l'Eglise elle-même ignore. Mais son grand pari désormais est justement de convertir ces pratiques pour que tous les catholiques du diocèse soient de vrais chrétiens engagés durant toute l'année et au service de tout l'Archipel. Une manière de les inviter à prendre eux-mêmes en charge dans la société guadeloupéenne, tous les maux dont ils se plaignent.