"Ka nou ka Fè", le premier village des associations en lutte contre les violences faites aux femmes

"Ka nou ka Fè", le premier village des associations en lutte contre les violences faites aux femmes, initié par le Conseil départemental
"Ka nou ka fè"... Les violences faites aux femmes au cœur d’un village aujourd’hui (mercredi 13 novembre) sur la place de la Victoire, à Pointe-à-Pitre. Objectif, informer et sensibiliser sur ce fléau, qui en Guadeloupe, concerne 12 femmes pour 1 000 habitants, l’un des taux de violences conjugales les plus élevés de France.

Ce mercredi 13 novembre, la place de la Victoire, à Pointe-à-Pitre, accueille "Ka nou ka Fè", le premier village des associations en lutte contre les violences faites aux femmes. 

Un espace pour briser le silence autour ces violences. Et pour cause, la Guadeloupe enregistre l’un des taux les plus élevés de violences conjugales. On compte 12 femmes victimes pour 1 000 habitants.

Un chiffre inquiétant, en hausse constaté par l’association "Femmes et Police dans l’Egalité et la diversité". 

L’idée du conseil départemental, à l'initiative de la manifestation est donc d’offrir aux victimes un lieu d’information, d’écoute et de solidarité et d'engagement concret. C'est ainsi que Guy Losbar, présente le village.

L’occasion de s’unir et envoyer un message fort. "En Guadeloupe, la violence faite aux femmes ne sera jamais acceptée, ni banalisée, qu’elle soit physique, psychologique ou socio-économique" déclare le président du Conseil départemental. 

Dans le même esprit, le préfet rappelle le Grenelle de septembre 2019 ainsi que les nombreuses actions mises en place. Il évoque aussi l'importance de veiller à l’égalité fille garçon dès le plus âge, soulignant le rôle de l'Education nationale.
Xavier Lefort reconnaît également qu'il reste beaucoup à faire. Il en appelle à la mobilisation de tous, travailleurs sociaux, associations, Etat, collectivités ou justice.

Les deux parquets de Guadeloupe mobilisés dans cette lutte

À ce propos, la procureur de la République de Pointe-à-Pitre Caroline Calbo dresse le bilan des actions du tribunal judiciaire cette année contre les violences intrafamiliales. Six comités de pilotage internes ont été ouverts, trois groupes de travail interinstitutionnels ou trois conventions signées par les parquets (Pointe-à-pitre et Basse-Terre), le 26 juin dernier.

Il y a eu un premier protocole de signalement des violences conjugales par les soignants. Un protocole signé par la Police nationale, la Gendarmerie, l'unité de médecine légale, les centres hospitaliers, l'ARS (Agence régionale de santé), l'Ordre des médecins, l'Ordre des sages-femmes, l'Ordre des infirmiers... Une convention de création d'une unité d'accueil pédiatrique "Enfance en danger" avec la Police, la Gendarmerie, le CHU, l'ARS qui permet l'audition de mineurs victimes et notamment d'inceste à l'hôpital avant d'être vus par des médecins. Et enfin, la convention relative à l'évaluation personnalisée des victimes de violence intrafamiliales avec la Police, la Gendarmerie et l'association Guadav.

Caroline Calbo, procureure de la République de Pointe-à-Pitre

Bientôt, une "Maison de la Femme" en Guadeloupe

Guy Losbar a annoncé la création d'une "Maison de la Femme", le 8 mars 2025.

Cet espace dédié à l'accueil, à la protection et à l'accompagnement des victimes sera une avancée décisive pour garantir la sécurité et la dignité de celles qui subissent les violences. 

Guy Losbar, président du Conseil départemental de Guadeloupe

Cette initiative du Département fait suite à la présentation du rapport sur les violences intrafamiliales de Justine Bénin, qui occupait récemment le poste de coordinatrice interministérielle contre les violences faites aux femmes en Outre-mer. Ce document comprend 44 recommandations autour de quatre grands axes d'intervention : la prévention, la détection des signes de violence, le soutien aux associations, et la protection des victimes.

Ces recommandations se concentrent également sur l'accompagnement du monde judiciaire et la nécessité de renforcer les sanctions contre les auteurs de violences, notamment pour éviter les récidives. L'un des principaux défis est d'assurer une réponse plus rapide et coordonnée afin de mieux protéger les victimes, qu'il s'agisse de femmes ou d'enfants.

Les violences faites aux femmes, un enjeu de société mondial

L’ONU considère qu’environ une femme sur trois au monde a été victime de violences physiques ou sexuelles dans sa vie.

En France, en 2022, en moyenne un féminicide par partenaire ou ancien partenaire, tous les trois jours, a été enregistré. Il y en a eu deux en Guadeloupe cette année-là.

Enfin, près d'un tiers des femmes rapporte avoir subi du harcèlement sexuel au travail.