Le parti d'opposition kényan "Alliance troisième voie" ("Thirdway alliance") a déposé un recours devant un tribunal de Nairobi, pour contester le déploiement imminent de policiers du Kenya en Haïti, dans le cadre d'une mission multinationale dans ce pays en proie à la violence des gangs.
Les dirigeants de ce parti politique, Ekuru Aukot et Miruru Waweru, invoquent un "outrage au tribunal", affirmant que le gouvernement va mener cette opération, malgré une décision de justice du 26 janvier dernier la jugeant "inconstitutionnelle, illégale et invalide".
Les requérants sont informés de manière fiable que le déploiement peut être effectué à tout moment, à partir de maintenant, mais au plus tard le 23 mai 2024, d'où l'urgence de cette requête.
Extrait du recours de "Alliance troisième voie"
Une source gouvernementale haïtienne avait indiqué, début mai, qu'un premier contingent de 200 policiers kényans devait arriver le 23 mai.
Le gouvernement kényan reste silencieux sur le sujet, mais une source au ministère de l'Intérieur a indiqué, sous couvert d'anonymat, que de premiers policiers "doivent arriver là-bas (en Haïti) en début de semaine prochaine".
Aucune demande formelle de déploiement n'a été faite par le gouvernement d'Haïti pour le déploiement de policiers en Haïti. Il n'y a pas de gouvernement en place en Haïti capable de faire une telle demande ou signer un accord bilatéral avec le Kenya, pour le déploiement de policiers en Haïti. Et il n'y a pas de Parlement en place en Haïti pour ratifier un tel accord.
Ekuru Aukot et Miruru Waweru de"Alliance troisième voie"
Haïti est dirigé par un conseil de transition officiellement investi en avril, après la démission du premier ministre Ariel Henry, avec qui le président kényan William Ruto avait signé un accord, pour l'envoi de policiers.
À la tête de cette mission multinationale soutenue par l'ONU, le Kenya s'est dit prêt à envoyer jusqu'à un millier de policiers. D'autres pays doivent également contribuer à cette force (Bénin, Bahamas, Bangladesh, Barbade, Tchad...).
Pays pauvre des Caraïbes, Haïti pâtit depuis des dizaines d'années d'une instabilité politique chronique.
Fin février, les gangs, dont la violence ravageait déjà des pans entiers du territoire, ont lancé des attaques coordonnées contre des sites stratégiques, disant vouloir renverser Ariel Henry.
La capitale Port-au-Prince est à 80% aux mains des bandes criminelles, accusées de nombreuses exactions, en particulier des meurtres, des viols, des pillages et des enlèvements contre rançon.
La population est confrontée à une grave crise humanitaire, avec des pénuries de nourriture, de médicaments et d'autres produits de base.