C'est un important revers pour le président Kenyan William Ruto, le président Kenyan. Il avait affirmé que ce déploiement était une « mission pour l’humanité ». Les Nations Unies soutenaient d'ailleurs l’envoi de cette mission d’appui à la police nationale d’Haïti.
Dès le début, l'opposition kényane, galvanisée par le parti Thirdway Alliance, s'était prononcée contre la décision gouvernementale. Elle soulignait alors qu'un tel déploiement de policiers était inconstitutionnel. La constitution kényane ne prévoit en effet que l'éventuelle possibilité de l'envoi de militaire en soulignant d'ailleurs que, même dans ce cas, les citoyens kényans doivent être consultés.
Malgré ces remarques formulées, le président Ruto et son gouvernement sont restés sur leur position. Et malgré l'assurance donnée par le ministre de l’Intérieur, Kithure Kindiki, que le gouvernement « n’envoie pas (ses) policiers en Haïti comme des cobayes, » certains opposants estiment que la police kényane n’est pas suffisamment formée pour opérer face à des gangs lourdement armés et connaissant parfaitement le terrain.
L'opposition avait alors eu recours à la Haute Cour. Une ordonnance avait été prise suspendant un tel déploiement des policiers kényans en Haïti. Ordonnance confirmée en octobre dernier, renforçant l'interdiction de toute autre décision en attendant l'avis définitif de la Haute Cour.
Une mission soutenue par l’ONU, mais jugée « anticonstitutionnelle, illégale et invalide ».
Et cette fois encore, la Haute Cour est allée dans le sens de l'opposition kényane en déclarant « inconstitutionnelle, illégale et invalide » la décision du gouvernement de déployer un millier de policiers en Haïti.
Pour Chacha Mwita, juge de la plus haute juridiction du pays, la procédure suivie pour le déploiement prévu de ces policiers est inconstitutionnelle. Le Conseil kényan de sécurité ne peut déployer que des forces de défense et non des services de sécurité et il ne peut le faire qu'avec le consentement des citoyens kényans.
C'est donc un revers aussi pour l'ONU qui comptait sur le Kenya pour diriger une force multinationale chargée de rétablir l'ordre en Haïti.
Il faut cependant rappeler que, l’année dernière, le Bureau des Nations Unies en Haïti (BINUH) a recensé plus de 8.400 victimes directes de la violence des gangs, y compris des personnes tuées, blessées et kidnappées, soit une augmentation de 122% par rapport à 2022.