Ces derniers jours, des attaques se sont encore intensifiées dans la capitale Port-au-Prince et des affrontements ont été rapportés entre les forces de l'ordre et des hommes armés.
Jeudi, des détonations d'armes automatiques ont été entendues dans plusieurs quartiers, et des déplacés ont érigé des barricades dans les rues pour protester contre la situation sécuritaire et réclamer de pouvoir rentrer chez eux, selon un correspondant de l'AFP.
Des événements qui illustrent une nouvelle fois la crise que vit le pays.
"La situation humanitaire en Haïti n'a cessé de se détériorer tout au long de 2024. La violence armée a engendré des souffrances incommensurables, en particulier aux femmes et aux enfants", a commenté le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) dans son plan humanitaire pour 2025 publié jeudi.
Six millions d'habitants, soit environ la moitié de la population, ont besoin d'aide. Mais dans un contexte de sous-financement chronique des opérations humanitaires, le plan se concentre sur 3,9 millions jugés prioritaires (déplacés, habitants de zones sous contrôle des gangs, communautés touchées par le choléra...) pour lesquels l'ONU a besoin de 908,2 millions de dollars.
Cela représente une nette augmentation par rapport à 2024 où Ocha avait demandé 674 millions de dollars - un appel aux dons financé seulement à 44%.
Depuis, l'insécurité alimentaire s'est aggravée, avec désormais 5,5 millions de personnes en insécurité alimentaire aiguë (+11% par rapport à mars 2024), dont deux millions en urgence alimentaire et 6 000 personnes en situation de famine, selon Ocha.
En un an, les gangs ont de leur côté encore resserré leur emprise sur la capitale et multiplié les exactions.
L'ONU a ainsi enregistré plus de 5 600 morts liées à la violence des gangs en 2024 (+20% par rapport à 2023), 1 500 enlèvements, près de 6 000 cas de violences liées au genre (dont 69% d'agressions sexuelles), une augmentation de 70% du nombre d'enfants recrutés de force par les groupes armés. Et plus d'un million de personnes sont désormais déplacées, une augmentation de 48% par rapport à septembre 2024.
Après des "déportations de masse" d'Haïtiens depuis la République dominicaine, qui ont atteint 200 000 en 2024, Ocha estime que 350 000 Haïtiens supplémentaires devraient être expulsés de force cette année.
Dans ce contexte, une mission multinationale de sécurité (MMAS) menée par le Kenya et autorisée par le Conseil de sécurité de l'ONU a commencé à se déployer l'été dernier.
Mais la mission, qui compte environ 1 000 policiers de six pays, sur les 2 500 espérés, fait face à des problèmes logistiques et de financement.
Pour en faire une "force efficace" face aux gangs, mais sans la transformer en force de maintien de la paix de l'ONU, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a indiqué mercredi qu'il allait prochainement proposer au Conseil de sécurité de modifier la mission pour que la logistique soit directement pris en charge par l'ONU.