L’analyse du taux de chlordécone dans le sang gratuite pour tous

Jusqu’ici réservée aux ouvriers agricoles, l’analyse de la teneur de chlordécone dans le sang est désormais accessible à tous les citoyens ; elle est gratuite. L’ARS a tout de même dressé une liste de personnes prioritaires. Les résultats sont connus 15 à 20 jours après le prélèvement sanguin.

Désormais, chaque citoyen peut connaître le taux de chlordécone dans son sang. L’analyse correspondante, la chlordéconomie, est financée à 100% par le plan chlordécone IV, aux Antilles.

Savoir…

Ce dispositif, voté par les parlementaires en 2019, s’adressait aux ouvriers agricoles, dans un premier temps. Il s’étend à présent à toute la population, même si des profils prioritaires sont encore ciblés.

En Martinique, cette généralisation a déjà été mise en œuvre ; le financement du dépistage, facturé par les laboratoires entre 120 et 160 €, y est intégral.

L’Agence régionale de santé (ARS) de la Guadeloupe, avec le concours des laboratoires biologiques du territoire, lancent donc cette mesure, qui constitue une véritable avancée, pour la connaissance du niveau de contamination de la population.
Elle permettra aussi d’évaluer l’efficacité des mesures de préservation lancée par les autorités sanitaires, depuis 2008 et le premier plan Chlordécone.

Cette campagne est manifestement ouverte à tous, même si l’ARS n’a ni communiqué à ce sujet, ni répondu à nos sollicitions. Elle cible néanmoins des personnes dites prioritaires :

  • Celles ayant bénéficié du programme JAFA ;
  • Les femmes enceintes ou allaitantes ;
  • Les travailleurs agricoles ;
  • Les résidents du croissant bananier, entre Goyave et Vieux Habitants ;
  • Les consommateurs des produits de la pêche.

Muni d’une prescription médicale, chacun peut donc se rendre dans un laboratoire biologique. L’opérateur médical prélèvera deux tubes de 3 ml de sérum, pour analyse localement. "La méthode a été validée par l'Institut Pasteur de Guadeloupe", indique la préfecture.

Les résultats sont communiqués deux à trois semaines après le prélèvement. 

… pour agir en conséquence

Cet examen se traduit par une simple prise de sang. Il permet donc de connaitre son taux de contamination, à un instant T, et d’y répondre éventuellement en changeant son comportement alimentaire ou en s’éloignant de la zone polluée.

Mais les résultats sont techniques et il convient ensuite, pour le patient, de les détailler avec son médecin traitant. Ce dernier pourra apporter des précisions et explications, sur les substances organochlorés et leurs produits de décomposition éventuellement décelés.

Est-ce grave d’avoir de la Chlordécone dans le corps, même à faible dose ? Quelles conséquences sur la santé ? De quelle manière peut-on faire chuter ou disparaitre la contamination ? Le fait est que les connaissances scientifiques sont encore très parcellaires, sur tous ces points.  

"90% de la population antillaise testée a des traces de chlordécone dans le sang. L'ANSES* estime que 85% de la population guadeloupéenne présente des résultats qui se situent entre 0,02 ug/L et 0,4 ug/L de sang et sont associés à un risque négligeable d'apparition d'effets néfastes", tient à préciser la préfecture de la Guadeloupe.

*ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.