L'Aquaponie : une solution économique et sociale

La ferme aquaponique de Lauricisque à Pointe-à-Pître
C'est en 2016 que l'Association Aquaponie Antilles a vu le jour. L'élan de quelques convaincus du bien-fondé de cette méthode et qui ont pour objectif d'en faire un projet aussi économique que social. Leur pari est certes de produire des poissons, des fruits et des légumes organiques en Guadeloupe mais il est surtout de tout mettre en œuvre pour susciter l'adhésion de la population. Et les premières initiatives en la matière sont plutôt concluantes.

Dans une autre vie, Karim Kébaïli était conseiller financier dans une grande banque. Il était l'homme qui parle aux oreilles des riches pour les rendre encore plus riches. Il connaissait son métier et ses clients étaient plus que satisfaits de lui.

Karim voyageait à travers le monde, se confrontait à toutes les situations et vivait à grande vitesse. Jusqu'au jour où, en regardant la vie de tous ses clients qu'il aidait à s'enrichir, il a trouvé leur vie pauvre et presqu'inhumaine.

Alors, il a décidé de tout plaquer et d'en revenir à une vie plus connectée sur les réalités des peuples. Sa quête de ce monde l'a conduit jusqu'en Guadeloupe. Et très vite, avec d'autres, l'idée de l'aquaponie devient une évidence. Ils fondent l'Association Aquaponie Antilles et se donnent alors pour ambition de :

  • Partager leurs connaissances et compétences dans le domaine de l’aquaponie
  • Promouvoir l’utilisation des différentes techniques d’aquaponie aux Antilles

L'aquaponie. Pour résumer cette technique, on dira que c'est un système qui combine l'aquaculture conventionnelle (élevage de poisson dans des réservoirs) avec l'hydroponie (culture des plantes dans l'eau) dans un environnement symbiotique.

Des salades produites dans la serre aquaponique de Lauricisque

Ainsi, il y a trois ans, ils vont trouver le bailleur Sikoa et lui proposent de réaliser leur projet au milieu des immeubles citadins. L'espace est trouvé. Sikoa leur permet de s'installer au milieu des résidences de Lauricisque. Tout est à faire et le plus dur sera d'ailleurs le facteur humain : convaincre la population pour qu'elle adhère au projet et se charge de le faire vivre.

©Guadeloupe

Progressivement, le projet séduit et la technique intéresse. l'Association va même jusqu'à participer à de grands défis nationaux pour promouvoir chaque fois un peu plus l'ambition qu'ils partagent.

A Lauricisque, on plante, on récolte et même, les résidents ont eu envie d'aller plus loin. Ils ont donc organisé un jardin partagé au sol qui entoure celui des serres aquaponiques. En fin mars, un composteur collectif a été installé dans l'espace et il y a une semaine, la serre est devenue autonome en matière d'énergie puisqu'elle est désormais alimentée grâce à la lumière du soleil captée par des panneaux solaires.

Composteur Collectif de AAA à Lauricisque

Mais la grande victoire c'est que les enfants qui étaient les premiers à adhérer au programme, ont transmis cette passion aux parents. En ce mois d'avril 2024, on se prépare d'ailleurs à vivre une fin de récolte comme il se doit : Un repas de quartier ou les poissons, les légumes et mes fruits produits dans cet espace seront consommés ensemble.

Un projet qui fait des petits

Depuis son lancement, le projet de l'AAA a su convaincre bien au-delà des seuls espaces de l'association. A Calvaire Baie-Mahault, Mathis Rabolion, un jeune lycéen de 17 ans a monté sa propre structure. Il avait rencontré les membres de l'association sur un stand de démonstration. Convaincu du bien-fondé de cette technique, il s'est organisé pour en installer une dans son jardin. Un jardin qui ne mesure que quelques mètres carrés mais qui est suffisant pour que soient installés les différents matériaux nécessaires pour l'aquaponie. Trois ans plus tard, après avoir planté, récolté, élevé et même innové, Mathis en est maintenant à transmettre la fibre aquaponique à d'autres.

©Guadeloupe

Pour l'AAA, l'aquaponie a désormais le vent en poupe. Il s'agit donc d'aller encore plus loin. Outre Lauricisque, des serres aquaponiques ont été installées à Petit-Bourg et au Parc Paul Lacavé à Capesterre Belle Eau. D'autres projets sont déjà à l'étude, comme au centre culturel du Raizet, avec toujours le même souci que ces initiatives soient aussi une opportunité de créer du lien social là où elles voient le jour. Parce que les plantes et les poissons qui vivent dans une interdépendance doivent aussi inspirer les humains pour conforter le vivre ensemble, particulièrement dans des quartiers populaires comme celui de Lauricisque.

Des poissons élevés dans la serre et prêts à être consommés

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