Une nouvelle expertise de l’Institut national de la santé et de la recherche médical (INSERM) confirme "une présomption forte" de lien entre l’exposition aux pesticides et 6 maladies graves.
Un groupe d’experts a analysé les effets sanitaires de deux substances actives et d’une famille de pesticides : le glyphosate, les fongicides inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (SDHi) et le chlordécone.
Pour rappel, ce dernier pesticide a été utilisé de 1972 à 1993, aux Antilles, dans les bananeraies, pour lutter contre les charançons, des insectes nuisibles. Interdit depuis, il est associé à différents problèmes de santé, chez l’Homme, puisque les populations locales restent encore exposées.
En effet, le chlordécone est encore présent dans les sols, dans certaines denrées végétales ou animales, ainsi que dans l’eau destinés à la consommation humaine.
Se basant sur plus de 5300 documents, le groupe de chercheurs multidisciplinaire conclut à "un niveau de présomption fort", entre l’exposition au chlordécone et le risque de survenue de cancer de la prostate. En Guadeloupe et en Martinique, la prostate tumorale, la plus fréquente, est la première cause de décès chez les hommes. Le taux d’indice de décès de ce cancer est deux fois plus élevé que dans l'Hexagone.
Des risques également pour les enfants
Si les personnes manipulant régulièrement ces produits, dans le cadre de leurs activités professionnelles ou personnelles, sont les plus concernées, l’expertise confirme également un lien entre l’exposition professionnelle des parents, aux pesticides, pendant la période prénatale.
Si la contamination vient du côté maternel, alors la causalité de la relation, entre l’exposition et une leucémie aiguës (usage domestique) ou encore une leucémie myéloïde (usage professionnel), est jugé "à présomption de forte". Du côté paternel, elle est jugée "à présomption moyenne". Il en est de même concernant les tumeurs du système nerveux central et des troubles du développement neuropsychologique et moteur de l’enfant.
Une étude afin d’aider les décideurs politiques
Cette étude n’a abouti à aucune recommandation.
"Ce n'est pas notre métier, le but est d'aider les décideurs politiques", ont précisé les chercheurs, lors de la visioconférence.
L’expertise souhaite que la mise en évidence de présomptions fortes de liens entre certaines pathologies et l’exposition aux pesticides incite à une meilleure prise en compte de ces enjeux. De plus, ils mettent en avant l’émergence de nouvelles préoccupations, concernant les effets indirects de certains pesticides sur la santé humaine par le biais des effets sur les écosystèmes.