L'ONG Médecins sans Frontières accuse des policiers et des citoyens d'avoir exécuté des patients, en Haïti

Clinique Médecins sans frontières du quartier de Martissant, à Port-au-Prince, le 2 décembre 2020.
Dans un communiqué, Médecins sans frontières (MSF) a déclaré mercredi (13 novembre) qu'au moins deux patients ont été tués lorsque son ambulance a été arrêtée et attaquée par des membres de la police et d’un groupe d’autodéfense, en début de semaine à Port-au-Prince, la capitale haïtienne.

Par voie de communiqué, Médecins sans frontières rapporte que ce lundi 11 novembre, une ambulance  transportant trois jeunes blessés par balle a été interceptée par la police haïtienne alors qu'elle approchait de l’hôpital de l'ONG situé dans la localité de Drouillard.

Sous les ordres des agents des forces de l’ordre, l’ambulance a été escortée jusqu’à l’hôpital public La Paix, à Port-au-Prince.

Dès l’arrivée, l’intervention a pris une tournure violente selon l'ONG : les forces de l’ordre, accompagnées de membres d’un groupe d’autodéfense, ont encerclé l’ambulance, crevé les pneus, et gazé les membres du personnel.

Les patients ont ensuite été extirpés de force de l’ambulance pour être emmenés hors de l'enceinte de l'établissement. Deux des jeunes ont alors été exécutés, tandis que le sort du troisième reste à ce jour inconnu, explique MSF.

Le personnel MSF également pris pour cible

Les employés de MSF ont également été attaqués : insultes, gaz lacrymogène, menaces de mort et détention forcée pendant plusieurs heures. Ils n’ont été libérés qu’après quatre heures. L’ambulance, endommagée au point d’être inutilisable, a dû être abandonnée, et le personnel est reparti à bord d’un autre véhicule, relate le communiqué.

Cet acte est d’une violence inouïe, à la fois pour les patients et pour le personnel médical MSF, et remet sérieusement en question notre capacité à pouvoir délivrer des soins essentiels à la population haïtienne, qui en manque cruellement... Nos équipes et nos patients ont besoin d’un minimum de sécurité pour continuer à assurer la prise en charge médicale.

Christophe Garnier, chef de mission MSF

Les structures de soins en Haïti face aux violences

Cette attaque s’inscrit dans un contexte de violences accrues contre les structures de soins en Haïti, dénonce MSF. 

L'an dernier, l'ONG avait suspendu ses activités dans un centre médical de la capitale haïtienne Port-au-Prince après qu'une de ses ambulances ait été attaquée et un patient exécuté par des personnes armées.

Face à ce drame, MSF a lancé un appel pressant aux autorités et à toutes les parties prenantes du conflit haïtien "à respecter l'accès de la population aux soins médicaux sans discrimination ni entrave, et à garantir la protection des patients, ainsi que le respect du personnel médical".