La chaudière de l'usine de Marie-Galante sera réparée mais pas à temps pour la récolte 2021

La campagne sucrière à Marie-Galante aura t-elle lieu ? La question était au coeur d'un conseil d'administration extraordinaire. La chaudière sera bien réparée mais quid de la récolte ? Cette question reste en suspens. 

Un conseil d'administration extraordinaire de La Sucrerie Rhumerie de Marie-Galante (SRMG) s'est tenu ce mercredi matin, en visioconférence. Les administrateurs devaient décider de mesures pour la sauvegarde de l'Usine de Grand-Anse, après l'énorme casse sur la chaudière, qui a mis un terme à la campagne sucrière 2021... Deux jours seulement après son lancement la semaine dernière.

Une réparation longue et coûteuse

Ce fut un conseil d’administration extraordinaire à plus d’un titre. Par sa durée tout d’abord, 3 heures trente de débats en visioconférence auxquels ont pris part les 5 administrateurs et deux représentants du personnel de la SRMG.

Par le sujet ensuite : rien de moins que l’avenir de l’usine de Grande Anse.

Il a été décidé, à l’unanimité, de réparer le générateur de vapeur détruit le 14 avril dernier. Les travaux devraient durer 10 mois. Le coût a été revu à la hausse : il serait désormais question d’1,8 million d’euros. Une somme conséquente qui sera peut-être prise en charge par les assurances de l’usine. Tout va dépendre des conclusions des différents experts et de l’enquête interne qui va être diligentée afin de comprendre les circonstances et déterminer les responsabilités dans cet incident industriel majeur.

Selon l’un des administrateurs, l’enquête s’annonce difficile. Chacun des intervenants chercherait à se couvrir.

En attendant, le conseil d’administration a également rappelé que Grande Anse était la seule unité sucrière de l’Outre-mer à fonctionner sans être couplée à une unité de cogénération qui fournit vapeur et électricité. Un projet vieux de 7 ans et sans cesse repoussée, faute de consensus politique.

Que faire des 68 000 tonnes de cannes restantes ? 

Voilà donc l’usine indisponible jusqu’en 2022, mais quid de la récolte 2021 ?

Il reste en effet 68 000 tonnes de cannes encore sur pied à Marie-Galante. Aucune décision n’a été prise à cette heure. On devrait en savoir davantage ce jeudi 22 avril, à l’issue de la commission mixte qui doit se tenir à Marie-Galante.

Deux hypothèses sont sur la table :

  • Soit une année blanche, donc pas de récolte 2021.
  • Soit un transfert du tas de cannes vers Gardel, au Moule.

Les planteurs refusent la première hypothèse. Elle n’est pas tenable sur le plan agronomique, ni sur le plan financier indique Ferdy Créantor, le président de la SICAMA, la coopérative cannière de Marie-Galante. Ce dernier estime le montant des pertes à plus de 6 millions d’euros juste pour les planteurs, auxquelles viennent s’ajouter les pertes des opérateurs canniers mais aussi de la coopérative agricole.

Reste la seconde hypothèse : Gardel, autant dire un grand saut dans l’inconnu, notamment sur le plan logistique. Il va falloir des barges, des quais et des camions et cela va coûter cher.
Reste à savoir ce que vont décider l’Etat mais aussi la Région et le Département. Le prix à payer pour maintenir une filière dans la grande galette.

Les planteurs souhaitent un accompagnement des instances

Une décision lourde de conséquences, notamment pour les planteurs de l'île. Toutefois, Ferdy Créantor se veut rassurant. Le président de la SICAMA souhaite rencontrer tous les décideurs afin de trouver une solution à cette "crise inédite". 
Dans un premier temps, les cannes qui avaient été coupées, mais non livrées, seront ramassées, pesées à l'usine et analysées, afin d'établir un prix qui permettra d'indemniser les planteurs. 

Il était l'invité de Ludivine Guiolet-Oulac dans le journal télévisé de 19h30 (21/04/2021) :

 

Ce 21 avril, le président de Région, Ary Chalus s'est rendu à Marie-Galante, à la rencontre des planteurs. Pour "entendre leurs doléances et leur faire part de la volonté régionale de les accompagner dans les décisions qui seront prises". Le président de Région se dit déterminé à maintenir l’usine et la filière canne sucre rhum, dans la Grande galette.