Bien sûr, tous les Guadeloupéens n'ont pas eu cette chance, mais nombre d'entre nous ont réussi à faire des économies, à la faveur de la fermeture de plusieurs commerces, en cette période de restrictions sanitaires, selon l'IEDOM. Aujourd'hui, chacun réfléchit au bon usage à faire de cet argent.
Depuis 14 mois, les populations subissent des restrictions, pour collectivement freiner, autant que possible, la circulation de la Covid-19.
En Guadeloupe, il y a eu les confinements (dont l'un, moins strict, est actuellement en cours), qui ont mis entre parenthèses nos déplacements et activités. Par ailleurs, les autorités ont ordonné des fermetures épisodiques des commerces, sites de loisirs et restaurants.
Des mesures qui nous ont éloignés des lieux où nous dépensons notre argent et qui nous ont empêchés de nous adonner à nos occupations payantes.
Des économies presque malgré nous
Nous avons, donc, beaucoup moins porté nos mains à la poche, ces derniers mois.
Le volume monétaire épargné a donc considérablement augmenté, soit de 13,7%.
L'Institut d'émission des départements d'Outre-mer (IEDOM) Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy parle de 100 millions d'euros par trimestre, à l'échelle locale, soit trois fois plus que ce qui est réalisé habituellement.
Ramenée à un ménage (171.762 ménages, en 2016, pour 2,3 personnes en moyenne par ménage), l’épargne représente environ 2400 €.
Sauf que, dans la réalité, il existe une forte disparité d'un ménage à l'autre ; là où certains ont beaucoup épargné, d'autres n'ont que peu, voire pas du tout économisé.
Cet argent n'a pas été particulièrement placé. Dans la majorité des cas, il est resté dormir sur des comptes courants. Au mieux, il a gonflé les comptes-épargne des usagers (plans épargne logement, livret A, assurances vie, etc.), explique Gilles Genre-Grandpierre, directeur de l'IEDOM Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy :
Logiquement, plus les gens ont des revenus importants, plus ils ont épargné. Les placements privilégiés sont tout à fait traditionnels.
Les sommes ainsi mises de côté devraient servir, au moment où la fin de la crise s'amorcera, soit pour de la consommation, ou pour combler les pertes financières enregistrées par ceux qui ont souffert de la crise sanitaire (chômage partiel, perte d'emploi...).
Et vous, avez-vous économisé ? Si oui, comment avez-vous l'intention de dépenser l'argent mis de côté ? Nous avons posé la question à quelques Guadeloupéens :
Un mal ponctuel, pour l'économie
Cet argent resté à la banque est synonyme de perte pour l'économie locale, n'étant pas allé à la consommation, ni à l'investissement.
La situation inédite de confinement de la population est à l’origine d’un net recul de l’activité économique estimé à -20 % par rapport à une situation dite "normale".
Mais le directeur de l'antenne régionale de l'IEDOM considère plutôt qu'il s'agit d'un "effort préventif, en attendant un retour à meilleure fortune". Il ne faut donc pas voir cela comme négatif, de son point de vue.
Quoiqu'il en soit, le déclencheur, pour revenir au niveau de consommation d'avant-crise, dépendra du retour de la confiance en l'avenir.
Quand on verra l'horizon se dégager, je pense qu'on aura forcément de nouveau une consommation plus importante que ce qu'on a eu en 2020 et, également, des investissements à moyen/long terme.
Les entreprises aussi ont épargné
Contre toute attente, les structures économiques, dont plusieurs ont pourtant dû baisser rideau, ont aussi réalisé des économies, selon Gilles Genre-Grandpierre, mais de manière moins marquée :
Environ 60% des PGE [Prêts garantis par l'Etat] ont été non consommés. En fait, les entreprises concernées ont pris des PGE à titre préventif. Elles n'en avaient pas forcément besoin dans l'immédiat.
Là aussi, toutes les entreprises ne sont pas sur le même pied d'égalité, quand certaines ont tout perdu, d'autres ont fait fructifier leur capital.