La double peine des patients atteints d'un "Covid long"

Alors qu'ils pensaient être sortis d'affaire, de nombreux patients ayant contracté la Covid-19 ont continué de développer des symptômes, plusieurs semaines après leur rétablissement. Cette forme de la maladie, appelée communément "Covid long", peut se révéler handicapante, comme en témoigne Germaine

La Haute autorité de santé (HAS) estime que plus de 20% des personnes qui ont contracté le coronavirus présentent encore, plusieurs semaines, voire plusieurs mois après leur contamination, des symptômes de la maladie : troubles respiratoires et/ou cardiaques, grosse fatigue, pertes de mémoire... les maux diffèrent d'un patient à l'autre.
Pourtant, ces patients se croyaient rétablis et pensaient en avoir terminé avec ce virus, dont ils ont diversement développé une forme légère, modérée ou grave.
Ils souffrent de ce qu’on appelle le "Covid long". Leur convalescence s'éternise et certains se demandent s'ils parviendront à guérir ou si, pour eux, la Covid deviendra une maladie chronique.

Germaine, victime d'un "Covid long" témoigne

Germaine, âgée de 58 ans, a contacté le coronavirus il y a 4 mois ; son test s'est révélé positif le 22 avril 2021. Après une période de 12 jours sans symptômes apparents, son état de santé s'est brusquement dégradé. En mai, durant quatre jours, elle a été prise en charge au sein du service réanimation du Centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe (CHUG), avant d'intégrer l'unité des maladies infectieuses, pour une durée de trois jours. Grace aux bons soins des médecins et soignants du CHU, Germaine s'en est sortie.

Après ces épreuves, une fois rentrée chez elle, la quinquagénaire pensait pouvoir tourner la page... mais la Covid-19 n'en avait pas fini avec elle. Germaine a développé un "Covid long", une forme prolongée et méconnue de la maladie.

Depuis, au moindre effort, elle est essoufflée ; idem, parfois, juste du simple fait de parler. De surcroît, elle est tout le temps fatiguée. Les tâches de la vie quotidienne sont difficiles à exécuter.

Vous voyez ma maison. Je ne peux plus faire le gros. Pour passer un petit balai humide, c'est une charge pour moi.

Quand je fais la moitié, des fois, je suis obligée d'aller m'assoir, hein !

Je suis vite essoufflée.

Germaine, patiente victime d'un "Covid long"

Germaine, au sujet de sa fatigue chronique

Cette patiente a perdu 8 kilos. Elle dit se sentir vidée, comme si ses muscles avaient fondu.
Incontestablement, la Covid-19 a changé la perception que Germaine avait de la vie. 

Je ne fais plus de projets à long terme.
J'essaie de me faire plaisir. J'essaie de mettre tout ce qui est négatif derrière. J'essaie de positiver.
C'est une leçon de vie

Germaine, patiente victime d'un "Covid long"

Germaine, au sujet de ce que la Covid-19 a changé dans sa vie

Germaine n'a pas été suivie à postériori. Elle n'a pas encore bénéficié d'une rééducation, comme d'autres patients. Elle compte bien en parler avec son médecin traitant, pour voir si cela est encore possible.

Que sait-on du "Covid long" ?

Qui sont les patients concernés par ce "Covid long" ? Quels sont les symptômes connus qu'ils développent ? Quelle prise en charge leur est proposée ?
Nous avons posé ces questions à Chantal Raherisson.
Selon cette professeure de pneumologie au CHU de Bordeaux (en cours de mutation au CHU de Guadeloupe), le terme de "Covid long" émane des patients eux-mêmes. Les professionnels de santé parlaient plutôt, eux, de "post-Covid", pour décrire les séquelles de la maladie, ou encore des symptômes prolongés.  

Les maux observés sont multiples et touchent surtout les cas de Covid les moins graves. Germaine, notre témoin, est donc une exception.  

En majorité, les patients qui développent un "Covid long" sont des patients qui ont eu une forme légère à modérée, qui ne sont pas allés en réanimation.

Chantal Raherisson, professeure de pneumologie au CHU de Bordeaux

Pr Chantal Raherisson, au sujet des patients concernés et des symptômes 

Les malades doivent faire preuve de patience. Il semble que le rétablissement, bien que tardif, finisse par arriver, mais après de longs mois pour beaucoup.
En attendant, une prise en charge des personnes concernées peut être proposée, en fonction du symptôme prédominant.

On voit quand même qu'il y a une diminution des symptômes, trois mois ou six mois après l'infection. Mais cela nécessite quand même une prise en charge.

Chantal Raherisson, professeure de pneumologie au CHU de Bordeaux

Pr Chantal Raherisson, au sujet de l'accompagnement proposé aux patients atteints d'un "Covid long"

Alors que la Guadeloupe subit actuellement, de plein fouet, la 4ème vague de l'épidémie de coronavirus, durant laquelle le très contagieux variant Delta est majoritaire, tout l'enjeu semble être l'après, à savoir le suivi et la prise en charge des patients post-Covid.