A cet instant-là, juste après ces mots du Pr. Pascal Blanchet et alors qu'elle va prononcer le serment d'Hyppocrate comme tous ceux et celles qui l'ont précédé dans la médecine, c'est à une profonde émotion qui l'étreint que Thérèse Jacota doit faire face.
Ce court instant est malgré tout l'aboutissement d'un chemin qui n'aura pas été toujours très simple et qui l'avait vu s'engager dans la compréhension de l'usage des Urgences en Guadeloupe. Sa problématique de départ peut se résumer ainsi : comprendre le problème d'engorgement des urgences adultes du CHUG qui est récurrent et faire face à l'affluence importante avec de très longs temps d'attente.
Pour cela, il s’est donc agi de déterminer l'impact médico-économique des consultations relevant de la médecine générale ambulatoire aux urgences adultes du CHUG
Ça peut aider dans le sens où on a des données locales chiffrées sur une tendance déjà connue au national. Ça permet de mesurer l'ampleur du phénomène. Donc à partir de là on va pouvoir poursuivre les recherches et continuer de proposer des solutions adaptées au contexte local
Dr. Thérèse Jacota
Après avoir étayé un échantillonnage de départ de plus de 73 549 passages aux Urgences entre le 1er janvier et le 31 décembre 2022. 35 549 dossiers ont été retenus pour l'analyse et le résultat est particulièrement éloquent et néanmoins précieux :
72% des consultations réalisées aux Urgences adultes ne relèvent pas des Urgences.
C'est probablement une vérité que beaucoup subodoraient sans pouvoir la fonder sur une analyse quantitative et qualitative. De fait, on passe désormais de beaucoup de suppositions à une affirmation catégorique et mesurée.
Un tel résultat n'aura d'ailleurs pas manqué de susciter des réactions au sein même du jury composé, entre autres, d'urgentistes et de médecins de ville. Tous reconnaissent de ce fait que cette étude permet de mieux préciser les contours et la silhouette des patients guadeloupéens qui s'adressent aux Urgences ou à la médecine de ville.
Pour autant, ce sont surtout les voies ouvertes par cette étude qui sont à souligner. En effet, elle devrait permettre :
- Prise de conscience des usagers sur ce chiffre et notamment son impact sur les soins urgents
- Prise de conscience sur la façon de recourir aux soins des usagers, notamment en période ouvrée ( car 48% des recours ont lieu hors de la permanence des soins ambulatoires soit au moment où les cabinets sont ouverts)
- Prise de conscience sur le réel besoin de recourir aux soins puisqu'on constate une augmentation de la consommation de soins
- Poursuivre la recherche en orientant le prisme sur les cabinets de médecine générale de ville
- Poursuivre l'étude sur une autre période pour comparer les résultats et voir s’ils sont reproductibles
Pour la Dr. Thérèse Jacota, il faudra cependant continuer de croire à l'utilité des actions de communication sur le recours au soin. Il faudra aussi renforcer des liens ville-hôpital, un renforcement basé tout d'abord sur le fait que les médecins de ville et du CHUG doivent mieux se connaître, entretenir des échanges notamment avec le renfort de la communication afin d'améliorer la prise en charge des patients guadeloupéens.