La justice révèle les dessous d'une affaire qui en cache beaucoup d'autres

Fin de la garde à vue pour les 8 personnes interpellées en début de semaine. Elles sont soupçonnées d'avoir activement participé à l'organisation et à la préparation des violences urbaines en novembre et décembre derniers. Mais le dossier réserve bien d'autres surprises

L’enquête a démarré vers le 20 novembre au lendemain des premières nuits d’émeutes dans l’agglomération pointoise. Les policiers de la DZPJ ont très vite la conviction que les événements sont planifiés et organisés et répondent à un schéma d’ensemble.
A chaque fois, on multiplie les barrages, on sème la panique, on crée le chaos en pillant les commerces et en tirant sur les forces de l’ordre. Le schéma devient de plus en plus pertinent quelques jours plus tard grâce à de nouvelles investigations réalisées dans le plus grand secret avec l’appui de renforts parisiens de la Police Judiciaire

Et le schéma se confirme dans la nuit du 26 novembre avec l’attaque du SPIP, le service pénitentiaire d’insertion et de probation, situé à Miquel.

La cible suivante devait être l’aéroport Pôle Caraïbes. Le 30 décembre, les émeutiers avaient planifié d’occuper la piste  en y brûlant des véhicules. Le chaos là encore

Les acteurs

Selon le procureur de Pointe-à-Pitre, deux gangs sont à la manœuvre. Chyien Lari et Section Kriminel. 7 de leurs membres ont été interpellés dont les leaders. Deux gangs souvent opposés par le passé mais réunis cette fois-ci par des intérêts convergents. Celui d’être en position de force pour négocier le retour au calme contre d’importantes sommes d’argent.

De l’argent qui proviendrait de deux sources :

D’abord des grands groupes locaux dont les intérêts économiques seraient ainsi préservés mais aussi de la part d’élus locaux selon un système assez classique : la promesse de subventions accordées à des associations de façade.

Le procureur de la république est néanmoins resté discret sur ce dernier point, invoquant l’enquête toujours en cours

Reste enfin la huitième personne interpellée : un policier du commissariat de Pointe-à-Pitre

Un fonctionnaire de police de l’unité de surveillance et d’intervention, adjoint au chef de groupe, très professionnel aux dires de ses collègues, mais un fonctionnaire, qui selon les éléments de l’enquête, a non seulement fourni des renseignements aux gangs mais a également participé activement à la préparation et à l’élaboration de certaines actions, comme l’attaque planifiée de l’aéroport. Mis en examen pour plusieurs chefs d’association de malfaiteurs en vue de commettre crime et délit en bande organisée, il a été placé sous mandat de dépôt ce matin.

Qu’en est-il pour les 7 autres ?

Ils ont tous été mis en examen pour un ou plusieurs chefs d’association de malfaiteurs en vue de commettre crimes et délits en bande organisée. 4 d’entre eux ont été placés en détention provisoire. Les débats se poursuivent devant le juge de la liberté et de la détention pour les 3 autres.

L’enquête, elle, se poursuit, sous la direction de deux juges d’instruction. Affaire à suivre