La justice s’oppose à son tour à l’ouverture de l’Ecole panafricaine de Guadeloupe

Des soutiens de l'association Racines, à l'extérieur du tribunal administratif à Basse-Terre, 12 janvier 2023.
Un contenu pédagogique pas assez détaillé, faisant craindre une tendance séparatiste, des prises de positions des porteurs de projet contraires aux valeurs de la République, un défaut de sécurité au sein des locaux prévus... Les porteurs du projet de création d’une école panafricaine en Guadeloupe n’ont pas convaincu le tribunal administratif. L’interdiction préfectorale d’ouverture est maintenue.

"La requête de l’association Ecole panafricaine de Guadeloupe est rejetée".
Telle est la décision, prononcée ce jeudi 26 janvier 2023, du tribunal administratif.

Les requérants entendaient inaugurer, à la rentrée scolaire de septembre 2021, une école panafricaine, hors contrat, afin d'offrir aux écoliers locaux un "accès à leur histoire". 
Mais ils en ont été empêchés par la préfecture qui, le 2 août 2021, s’était opposée à l’ouverture de cet établissement privé. Le palais d’Orléans de Basse-Terre craignant qu’une "culture séparatiste" ne soit inculquée, au sein de cette structure, soit des valeurs contraires à celles de la République française. Le représentant local de l’Etat a aussi estimé que la dénomination "panafricaine" démontre une "distinction entre les races et les cultures susceptible de générer un risque réel de trouble à l’ordre public".

C’est donc l’annulation de cette décision préfectorale qui a été demandée par les porteurs de projet, soit l’association Racine et ses soutiens.

Ces derniers ont affirmé, devant le tribunal, que l’Etat a ainsi "violé les libertés d’expression, de pensée et d’opinion". Pour ses membres, l’école panafricaine de Guadeloupe s’inscrit dans le droit fil des recommandations de l’ONU, qui pointe du doigt "les discriminations qui frappent les personnes d’ascendance africaine" et préconise "des actions, pour permettre de mettre fin à ces discriminations".

Durant les débats, les opposants à ce projet, dont le procureur de la République de Pointe-à-Pitre qui s’est joint au Préfet, outre le contenu pédagogique envisagé, ont aussi rendu des avis défavorables, quant à la sécurité des usagers des locaux prévus pour cette école. Ils ont aussi longuement évoqué la personnalité de la directrice et la présidente de l’association Ecole panafricaine de Guadeloupe ; dans des vidéos, elles ont déclaré vouloir "détruire le mal à la racine en libérant l’Afrique des Blancs", ou encore "enseigner l’histoire pour connaître notre véritable ennemi, celui qui est à la base et à l’origine de tous nos malheurs".

La décision a donc été rendue ce jour, après l’audience qui s’est tenue le 12 janvier dernier, devant une salle pleine de personnes favorables à la concrétisation de ce projet... Une école panafricaine dont la justice ne permet pas non plus l’ouverture.

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Maître Roland Ezelin, avocat des porteurs de projets, parle d’une décision attendue, "malheureusement négative". Il défend toujours, quoiqu’il en soit, la nécessité de l’existence d’une telle structure, localement :

Le tribunal s’est appuyé à la fois sur des éléments techniques et des éléments sociologiques et politiques.

Maître Roland Ezelin, avocat des porteurs de projets de création d’une école panafricaine en Guadeloupe
Ecole panafricaine : refus confirmé par le tribunal administratif ©Thierry Philippe - Guadeloupe La 1ère

Me Ezelin envisage de faire appel de la décision du Tribunal administratif, devant la Cour d’appel de Bordeaux, compétente en la matière.