Il avait 46 ans… La vie devant lui… Deux enfants à faire cheminer... Pléthore d’amis à accompagner...
Mais le sort en a décidé autrement.
Sa vie lui a été brutalement ôtée, la semaine dernière, causant un profond émoi au sein de la population guadeloupéenne.
Thierry Brasseleur est le 36e tué de l’année sur les routes de Guadeloupe. Avant lui, il y en a eu 35… Et donc des dizaines de familles éplorées, des dizaines de parents condamnés à, peut-être la pire tragédie d’une vie : enterrer son enfant, des dizaines d’enfants orphelins condamnés eux à apprendre à vivre et à se construire sur une jambe et une béquille.
Les drames de la route sont toujours des séismes qui détruisent en surface, ravagent à l’intérieur.
Des tragédies pour les victimes et les leurs, mais aussi bien souvent des tragédies pour ceux qui ont causé la mort et ceux qui les côtoient…
Hélas, nous sommes tous des victimes et des auteurs potentiels… Bien entendu lorsqu’éméchés nous prenons le volant, persuadés d’être maîtres de nos gestes...
Bien entendu lorsque, pressés, nous ne levons pas le pied pour quelques secondes de gagnées...
Bien entendu lorsque, fatigués, nous prenons malgré tout la route, persuadés d’arriver à bon port.
Mais aussi, lorsque nous nous arrêtons n’importe où sans crier gare simplement pour saluer ou discuter avec quelqu’un...
Lorsque nous ralentissons subitement pour répondre, écouter, écrire, enregistrer un message sur Whatsapp ou surveiller une maison ou un commerce...
Lorsque nous roulons à l’allure de "mòlòkòy" sur la file de gauche provoquant l’ire de celui qui souhaite juste doubler et la queue de poisson qui inévitablement suivra...
Lorsque nous déposons nos enfants quasiment dans la cour de l’école voire dans la classe, provoquant des embouteillages monstres et l’agacement des véhicules suivants, certains d’enfoncer la pédale plus que de mesure une fois que la route sera dégagée...
Lorsque nous mettons nos tracteurs sur la rocade au risque de considérablement perturber le trafic... Lorsque nous nous écartons subitement de notre trajectoire pour éviter l’un des innombrables trous, plutôt gouffres qui jonchent la chaussée guadeloupéenne...
Nous sommes, hélas, tous responsables, et tous des victimes et des auteurs plus ou moins directs en puissance…
Alors bien plus que la peur du gendarme, peut-être qu’aujourd’hui, ces 36 morts, leurs mères, leurs pères, leurs fils, leurs filles et tous ceux qui les pleurent aujourd’hui, nous amènerons peut-être à nous conscientiser pour tenter de n’être jamais, ni être une victime, ni un auteur.