Pour apaiser la colère des agriculteurs, qui ont massivement manifesté en France hexagonale, le mois dernier, pour une augmentation de leur pouvoir d’achat, le gouvernement a annoncé une série de mesures jeudi dernier (le 1er février 2024), lors d'une conférence de presse.
Le premier ministre Gabriel Attal s'est notamment engagé à assouplir les règles imposant aux agriculteurs de maintenir des surfaces en prairies. Il a aussi évoqué la mise en "pause" du plan Ecophyto qui, lancé en 2008, vise à réduire de 50% l'usage de produits phytopharmaceutiques et des pesticides, dans un délai de 10 ans.
L’abandon (provisoire ?) de cette mesure ne passe pas auprès des écologistes. L’écologue guadeloupéen Jean-Marie Flower est lui aussi indigné. Il s’agit, de son point de vue, d’un recul majeur et d’une décision purement politique. Ses mots sont forts, puisqu’il parle "suicide de l’humanité".
Il y a une petite agriculture paysanne, familiale et il y a des industrie-agriculteurs, des exploitations gigantesques, qui ont une logique totalement financiarisée ; il ne faut surtout pas mélanger ces deux mondes. La "pause" sur le plan Ecophyto 3, les décisions prises par le gouvernement sont une forme de suicide (...)
Jean-Marie Flower, écologue
Pour Jean-Marie Flower, le gouvernement n’a pas pris le temps de comprendre les causes du mal-être des agriculteurs, afin d’actionner les bons leviers. Ses décisions s’avèrent lourdes de conséquences, à l’échelle mondiale. Pour l’écologue, c’est sur les normes de libre-échange et sur l’ultralibéralisme qu’il faut œuvrer, par sur les normes environnementales.
Là, on va chercher un bouc émissaire qui est très commode. Malheureusement, ce bouc émissaire est précisément celui-là même qui aurait pu remettre l’agriculture sur une trajectoire visant à réduire son impact sur les frontières planétaires (...).
Jean-Marie Flower, écologue
Selon le calendrier initial, nous en sommes actuellement au plan Ecophyto 2, mis en place en 2018 et qui concerne aussi la Guadeloupe.
Pour le gouvernement, cette mise à l'arrêt du plan Ecophyto n'est qu'une pause, "le temps d'en retravailler un certain nombre d'aspects, de le simplifier", a précisé le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. Ce dernier a assuré qu'il proposera une nouvelle version de son plan d'ici le Salon de l'agriculture, qui ouvrira ses portes dans trois semaines.