La « Semaine Bleue », l’occasion d’œuvrer pour une société plus inclusive envers les aînés.

Le thème de la Semaine Bleue 2022 : « Changeons notre regard sur les ainés, brisons les idées reçues ! »
La « Semaine Bleue », qui débute ce lundi, est consacrée aux personnes âgées. Celles-ci sont de plus en plus nombreuses, en Guadeloupe, en raison du vieillissement de la population locale. Elles sont aussi de plus en plus dépendantes.

La 70ème Semaine nationale des retraités et personnes âgées, ou "Semaine Bleue", se tient dès ce lundi, du 3 au 9 octobre 2022.

Plusieurs manifestations visant à valoriser les aînés sont programmées, dans presque toutes les communes de Guadeloupe : des conférences-débats sur « La place des séniors dans la société », une Marche bleue découverte, ou encore des ateliers bien-être, soins du corps, bien vieillir chez soi…

> Voir tout le programme de la Semaine Bleue 2022, en Guadeloupe.

La "Semaine Bleue" doit être l’occasion de promouvoir un autre regard porté sur le vieillissement et la vieillesse.

Le contexte

Après les périodes successives de confinement, vécues de manière dramatique notamment dans les Etablissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EPHAD), cette nouvelle édition prend un relief particulier.

Les personnes âgées sont trop souvent les victimes de changements sociétaux et sanitaires qui les marginalisent et les isolent : la maladie d’Alzheimer fait des ravages en Guadeloupe, l’éclatement de la cellule familiale, la vie chère jumelée à de maigres pensions de retraites, voire l’effondrement des valeurs traditionnelles de solidarité qui sacralisaient le devoir moral d’assistance et de prise en charge des aînés.

Les établissements spécialisés dans l’accueil ne sont, quant à elles, pas accessibles à toutes les bourses.

Le défi de la dépendance

Dans une société qui vieillit, le défi de la dépendance est un enjeu majeur.
C’est particulièrement le cas en Guadeloupe. En 2030, la population de 75 ans et plus aura augmenté de moitié.

La forte progression du nombre de seniors dépendants est une conséquence de l’augmentation globale du nombre de personnes âgées. L’allongement de la durée de vie de la population s’explique notamment par des conditions de vie moins précaires et un meilleur accès aux soins que les précédentes générations.

En 2020, les personnes âgées de 60 ans et plus représentent 27 % de la population guadeloupéenne. Les projections de population montrent que cette part s’accentuerait pour atteindre 36 % en 2030.

INSEE

D’ici là, l’archipel devrait compter 28.000 aînés de 60 ans et plus en perte d’autonomie ; soit près de 8000 personnes concernées supplémentaires, par rapport à aujourd’hui. Dux tiers seraient des femmes.

Dans l’étude intitulée "La Guadeloupe face au défi de la dépendance des séniors à l’horizon 2030", l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) s’est largement penché sur cette question, en partenariat avec l’Agence régionale de santé (ARS).

La Guadeloupe, comme la Martinique, fait face à un vieillissement marqué de sa population qui requiert des besoins accrus en matière d’infrastructures de santé, de formation et de logement.

INSEE

L’INSEE préconise un travail d’anticipation, pour la prise en charge de ces personnes, notamment via la création de 1620 emplois spécifiques, qui viendraient s’ajouter aux près de 5100 professionnels du grand âge existants dans le territoire.

Le réseau des EPHAD devra être étoffé, pour que l’offre de lits soit suffisante ; l’archipel en compte une vingtaine environ, pour l’heure.

Une société qui inclut les ainés

Le thème de la Semaine Bleue retenu cette année est : "Changeons notre regard sur les ainés, brisons les idées reçues !"

Tout en anticipant une éventuelle perte d’autonomie, il importe aussi d’apporter des réponses pertinentes à l’isolement social, relationnel, voire culturel des aînés. L’évènement national, à travers son concept de société inclusive, poursuit cet objectif, qui nécessite d’être traduit par la mise en place de politiques publiques.

Il ne faut pas qu’il y ait un fossé intergénérationnel. Donc il s’agit de revenir aux traditions, où les aînés ont toujours eu leur place dans la sphère familiale, dans la société, dans la vie associative.

Marie-Lise Salin, Docteur en psychologie clinique

Car il est bel et bien possible d’en finir avec l’image de petits vieux tristes et résignés, laissés pour compte, en marge de la société.