La situation s'aggrave toujours en Haïti, se désole l'ONU horrifiée par la brutalité des gangs

Un médecin soigne un homme blessé par balle lors d'une attaque de gangs armés, à l'hôpital Saint-Nicolas de Saint-Marc, en Haïti, le dimanche 6 octobre 2024.
La violence continue à faire des ravages en Haïti avec même une aggravation depuis juillet et ce malgré quelques progrès sur le plan politique et le déploiement la mission multinationale d’appui à la sécurité. L’ONU tire la sonnette d’alarme. Le nombre de déplacés serait en constante augmentation.

Depuis juillet, "la situation s'est malheureusement aggravée", a déclaré devant le Conseil de sécurité Maria Isabel Salvador, cheffe de la mission de l'ONU dans le pays.

Elle a notamment évoqué l'augmentation du nombre de déplacés internes qui a atteint 700 000 selon le dernier décompte de l’ONU de septembre. La moitié serait des enfants devenus proies des gangs, utilisés comme informateurs, cuisiniers, esclaves sexuels et forcés à commettre eux-mêmes des violences armées. Et être un enfant ne protège pas nécessairement de la "vindicte populaire": le rapport du secrétaire général raconte ainsi comment un garçon de 10 ans accusé d'être l'informateur d'un gang a été abattu et brûlé par un groupe d'autodéfense en juillet.

"La situation sécuritaire reste très fragile, avec de nouveaux pics de violence aiguë", a-t-elle ajouté.
Elle a en particulier dénoncé l'attaque "terrifiante et brutale" de gangs contre la localité de Pont-Sondé ayant fait "115 morts civils et des dizaines de blessés" le 3 octobre, selon le dernier bilan. 
La responsable onusienne a également évoqué une série d'attaques ces derniers jours dans la région de Port-au-Prince et au-delà, ainsi que les violences sexuelles d'une "brutalité inouïe" contre les femmes et les filles.

La cheffe de mission de l’ONU en Haïti évoque un climat de peur voire de terreur qui submerge l’appareil de sécurité.

"Les Haïtiens continuent de souffrir à travers le pays alors que les activités des gangs criminels s'intensifient et s'étendent au-delà de Port-au-Prince, répandant la terreur et la peur, submergeant l'appareil de sécurité", a-t-elle insisté. Et "la situation humanitaire est encore pire".

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait lui-même expliqué la semaine dernière, dans son dernier rapport, que la mission multinationale d’appui mené par le Kenya a "lancé des opérations antigang de grande envergure" dans certains quartiers de la capitale mais qu’elle peine à "garder le contrôle en raison du manque de personnel et de ressources". La MMAS, dont le mandat a été renouvelé fin septembre pour un an, compte pour le moment 450 policiers et miliaires, 600 de plus devraient être envoyés par le Kenya incessamment.