Le bilan du massacre de Pont Sondé en Haïti grimpe à 115 morts, les autorités critiquées pour leur manque de réactivité

Funérailles d'un homme, tué lors de l'attaque de Pont-Sonde (3 octobre 2024), Haïti.
Le bilan du massacre de Pont-Sondé, par le gang "Gran Grif" survenu le 3 octobre s’élève désormais à 115 victimes. Les autorités haïtiennes peinent à accéder à certaines zones et craignent que ce nombre ne continue d’augmenter. Une enquête internationale est demandée, mais la situation reste chaotique.

Mercredi 9 octobre, Myriam Fièvre, maire de la ville voisine de Saint-Marc, a annoncé que le bilan partiel du massacre de Pont-Sondé, qui a eu lieu le 3 octobre, s’élève désormais à 115 morts. Un premier rapport de l’ONU, faisait était d'au moins 70 personnes.

Des bébés, des personnes âgées parmi les victimes de l’un des plus grands massacres de l’histoire récente d’Haïti

Et ce nombre pourrait encore augmenter, car les autorités peinent à retrouver tous les corps et certaines zones de la ville restent inaccessibles.

Parmi les victimes, on dénombre des bébés, des jeunes mères et des personnes âgées, dans ce qui est considéré comme l’un des plus grands massacres de l’histoire récente d’Haïti.

L’attaque est attribuée au gang "Gran Grif", dirigé par Luckson Elan, un chef récemment sanctionné par les États-Unis pour violations graves des droits de l’homme.
Ce gang, qui compte environ une centaine de membres, est accusé de nombreux crimes, notamment des meurtres, viols, vols et enlèvements. D’après les Nations Unies, "Gran Grif" s’est formé il y a près de dix ans, lorsque l’ancien législateur Prophane Victor a armé des jeunes pour sécuriser son élection.

Aujourd’hui, le gang est considéré comme le plus puissant de la région de l’Artibonite.

Des milliers de sans-abris

L’attaque a laissé un profond traumatisme parmi la population locale. Plus de 6 300 résidents de Pont-Sondé ont fui vers Saint-Marc, où la majorité est hébergée temporairement chez des proches. Cependant, près d’un millier de personnes se retrouvent sans abri, dormant sur le sol dans des églises, écoles et places publiques, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

La mairesse Myriam Fièvre a exprimé son inquiétude face à l'afflux soudain de déplacés, ajoutant que le gang "Gran Grif" s’infiltre dans les communautés voisines. "Nous travaillons pour garantir la protection de la population", a-t-elle déclaré, tout en alertant sur le danger croissant que représentent ces groupes armés. Selon 

Le massacre de Pont-Sondé a également causé des destructions massives : 45 maisons et 34 véhicules ont été incendiés par le gang, forçant des milliers d’habitants à fuir. L’ONU a dénoncé cette horreur dans un communiqué, appelant la communauté internationale à fournir une aide financière et logistique accrue à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti, composée principalement de policiers kényans.

Les autorités critiquées, une attaque annoncée sur les réseaux sociaux

Les survivants de Pont-Sondé critiquent le manque de réactivité des autorités, d’autant plus que le gang avait annoncé ses intentions dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux avant l’attaque.

Le lendemain du massacre, les autorités haïtiennes ont remplacé le commissaire de police responsable de la région de l’Artibonite, qui a vu une montée en flèche de la violence des gangs ces dernières années, avec plus de vingt groupes criminels actifs dans la région.

Plus de 3 600 tués en Haïti depuis janvier 2024

Depuis le début de l’année, au moins 3 661 personnes ont été tuées en Haïti à cause des violences des gangs. Cette vague de violence a provoqué une crise humanitaire sans précédent : plus de 700 000 Haïtiens, dont la moitié sont des enfants, ont dû fuir leur domicile. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué que la majorité des déplacés internes sont désormais accueillis dans les provinces, notamment dans le Grand Sud, où 45 % d’entre eux ont trouvé refuge.

Malgré les appels du Haut-Commissariat aux droits de l’homme à mener une enquête approfondie sur cette attaque, à traduire les responsables en justice et à garantir des réparations pour les victimes, l’instabilité persistante des institutions haïtiennes laisse peu d’espoir quant à une résolution rapide de cette tragédie.