Haïti : au moins 70 personnes tuées par un gang jeudi, selon l‘ONU

Des policiers blindés patrouillent devant un homme tenant un drapeau haïtien, à Port-au-Prince (Haïti) - 20/09/2024.
Ils ont tiré sur la population avec des armes automatiques, en Haïti. Les membres du gang "Gran Grif" sont les auteurs d’un véritable massacre dénoncé par l’ONU. Faute d’institutions opérationnelles, ces bandes armées poursuivent leurs activités criminelles dans une totale impunité. Une fois de plus, la nécessité de renforcer les moyens de la Force multinationale de sécurité est évoquée.

Un gang a tué "au moins 70 personnes", dont des femmes et des enfants, hier (jeudi 3 octobre 2024), en Haïti. Au moins 16 autres victimes ont été grièvement blessées, a indiqué l’Organisation des Nations Unies (ONU) ce vendredi.
Une fois de plus, une violence extrême a été utilisée, contre une population en plein désarroi, livrée à elle-même, à la merci de bandes armées surpuissantes qui ne respectent que la loi du plus fort.

Un massacre... un de plus

Le haut-commissariat de l’ONU aux Droits de l'Homme s’est dit "horrifié", en relatant les actes des criminels, qui "auraient incendié au moins 45 maisons et 34 véhicules", forçant des habitants à fuir.

Des membres du gang "Gran Grif", armés de fusils automatiques, ont tiré sur la population, tuant au moins 70 personnes, dont environ 10 femmes et trois nourrissons.

Extrait du communiqué du Haut-commissariat de l'ONU aux Droits de l'Homme

Les faits ont été perpétrés à Pont Sondé, une localité du département de l'Artibonite, située sur la route reliant Port-au-Prince à Cap-Haïtien.

Deux des personnes grièvement blessées sont des membres du gang, touchés lors d'un échange de tirs avec la police haïtienne.

Que justice soit faite

L’instance onusienne appelle "à une augmentation de l'aide financière et logistique internationale à la Mission multinationale d'appui à la sécurité en Haïti". La MMAS, composée pour l'essentiel de policiers kényans, a entamé il y a peu une mission de soutien aux forces de l'ordre haïtiennes, qui ont le plus grand mal à s'opposer aux gangs. Depuis de très long mois, ces derniers sont lourdement armés et mettent à feu et à sang la capitale haïtienne et ses alentours.

Il est également essentiel que les autorités mènent une enquête rapide et approfondie sur cette attaque, qu'elles poursuivent les présumés responsables en justice et qu'elles garantissent des réparations aux victimes et à leurs familles.

Extrait du communiqué du Haut-commissariat de l'ONU aux Droits de l'Homme

Mais ce souhait risque fort de rester lettre morte, au regard de la fragilité des institutions du pays.

Fin septembre, les Etats-Unis avaient annoncé des sanctions visant le chef du gang "Gran Grif", Luckson Elan, pour son implication dans de graves violations des Droits de l'Homme, ainsi qu'un ancien membre du Parlement, Prophane Victor, pour son rôle dans la formation, le soutien et l'armement de gangs.

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La mort et le déracinement pour résultats

Au moins 3.661 personnes ont été tuées depuis janvier dans le pays, en raison des violences, avait indiqué le Haut-Commissariat la semaine dernière.

La vague de violence et une situation humanitaire catastrophique ont forcé plus de 700.000 personnes, pour moitié des enfants, à fuir leur domicile pour trouver refuge ailleurs dans le pays, selon les derniers chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), publiés mercredi dernier. Près des trois quarts de ces personnes déplacées internes sont désormais hébergées dans les provinces du pays, la région du Grand Sud en accueillant à elle seule 45%, selon l'agence onusienne.

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