Haïti : près de 3700 personnes tuées au 1er semestre 2023, en raison de la violence des gangs, selon l’ONU

Une femme regarde un corps gisant dans la rue, dans le quartier Delmas de Port-au-Prince (Haïti) - 04/09/2024.
Au cours des six premiers mois de l’année, 3661 personnes ont été tuées, dans le contexte de mainmise des gangs en Haïti. L’augmentation des violences sexuelles et l’exposition des enfants à la violence s’ajoutent à ce triste tableau, face auquel la communauté internationale et les autorités locales se doivent de réagir. L’ONU signe un nouveau rapport alarmant sur la situation.

Haïti souffre. Les Haïtiens souffrent. Les gangs imposent leur loi, faite de dégradations, de violence, d’exactions, de vols, d’agressions, de viols, de kidnapping, de tueries. Les autorités locales sont dépassées par l’ampleur de la crise. Et la communauté internationale peine à s’organiser et à prendre les mesures fortes qui s’imposent pour venir à la population locale.
Cela fait des mois, des années que cette situation perdure.

Le rapport de l’Organisation des nations unies (ONU), publié vendredi (27 septembre 2024), est sans équivoque : il y a urgence à agir. Un appel à œuvrer davantage pour protéger les personnes et éviter de nouvelles souffrances est lancé aux autorités haïtiennes et à la communauté internationale.

La lutte contre l'insécurité en Haïti, où des centaines de personnes ont été tuées, blessées ou déplacées en raison de la violence des gangs, doit être la priorité absolue.

Rapport de l'ONU

3661 tués entre janvier et juin 2024

Les derniers chiffres documentés par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme (mis à jour après juin) indiquent qu'au moins 3.661 personnes ont été tuées depuis janvier 2024 ; du jamais vu, même en Haïti !

Aucune autre vie ne devrait être perdue du fait de cette criminalité insensée.

Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme

Le rapport détaille des tendances extrêmement graves de violations et d'abus de droits humains, commis dans la capitale de Port-au-Prince et dans le département de l'Artibonite, ainsi que dans la partie Sud du département de l'Ouest qui, jusqu'à récemment, avait été largement épargnée par la violence.

Certes, les récentes initiatives méritent d’être saluée : la mise en place d’un Conseil présidentiel de transition, un nouveau gouvernement de transition et le déploiement des premiers contingents de la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti (MMAS).

Il est clair, cependant, que la Mission a besoin d'équipements et de personnel adéquats et suffisants pour lutter efficacement et durablement contre les gangs armés et les empêcher de se propager et de causer davantage de dévastation dans la vie des gens.

Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme

Les autres méfaits des gangs

Dans ce contexte chaotique, "les gangs ont continué à utiliser la violence sexuelle pour punir, répandre la peur et assujettir les populations". Le nombre des victimes de ce type d’agression a aussi augmenté, au cours de la première moitié de l’année, indique le rapport.

Le fait que les gangs aient atteint l'Artibonite n’est pas anodin. Cette zone est considérée comme le grenier du pays. Les bandes armées criminelles ont annexé 3.000 hectares, ravis aux agriculteurs ; de quoi accentuer la crise alimentaire qui sévit déjà sur place.

On estime que 1,6 million de personnes dans le pays sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë.

Rapport de l’ONU

Une partie de la jeunesse locale est, par ailleurs, sacrifiée, soit victime, soit enrôlée au sein des gangs.

Volker Türk a également exhorté la communauté internationale à mettre en œuvre de manière globale l'embargo ciblé sur les armes, l'interdiction de voyager et le gel des avoirs, imposés par le Conseil de sécurité des Nations Unies, afin d'endiguer la violence des gangs en Haïti.

Haïti doit enfin lutter contre la corruption et mettre les autorités compétentes (police, justice, institutions) devant leurs responsabilités.