Tous ceux qui courent les "vidés", "déboulés", ou Grande Parade le savent : durant les festivités carnavalesques, les muscles et les articulations des membres des groupes sont intensément sollicités ; cela, de manière répétée, sur plusieurs semaines, du premier dimanche de l’année jusqu’au mercredi des Cendres.
Cet effort physique s’apparente à celui demandé aux sportifs de haut niveau ; mais les carnavaliers ne se plient pas toujours à la préparation qui va avec. Cette plongée, parfois sans filet, dans le grand bain des défilés se traduit ensuite par des douleurs musculaires et articulaires.
D’où notre initiative de demander quelques conseils à une ancienne sportive d’élite, reconvertie en pharmacienne. Agnès Crochemar-Galou s’est aussi, désormais, spécialisée dans la prise en charge de la douleur.
Les corps mis à rude épreuve
Durant de longues heures, les carnavaliers s’imposent, chaque dimanche, un rythme effréné ; leur endurance est ainsi testée.
Les musiciens battent la cadence, certains portent de lourdes charges ; idem pour certains suiveurs dont les costumes pèsent sur les épaules. Les muscles sont alors sévèrement sollicités.
Défiler, c’est battre le pavé et, à chaque pas, les articulations en prennent un coup, surtout pour les femmes qui optent pour de hauts talons.
(...) Ce sont des mouvements répétitifs, où les muscles sont en tension tout le temps. Après le Mas, on a forcément des tensions liées à cet effort physique. On ne le sent pas forcément sur le coup, parce qu’il y a la transcendance avec la musique, etc. Mais, par contre, après coup, on le ressent (...).
Agnès Crochemar-Galou, spécialiste de la douleur
Se préparer physiquement
Pour Agnès Crochemar-Galou, l’enchaînement des sorties, chaque week-end, équivaut à trois marathons, en seulement un mois et demi ! Ainsi, sans un entraînement adéquat, le lundi, on se réveille le corps tout courbaturé et endolori.
Alors, comment se préparer pour un carnaval sans douleurs ? Simplement en pratiquant une activité physique quotidienne, afin de faire travailler son cœur. Il ne faut pas se lancer dans un déboulé à brûle-pourpoint.
(...) La meilleure activité physique naturelle de l’Homme, c’est la marche. Après, moi, ce que je conseille c’est aussi d’avoir des routines, au moins d’étirement ou d’échauffement, avant les déboulés (...).
Agnès Crochemar-Galou, spécialiste de la douleur
Se faire du bien
Autre possibilité, qui va de pair avec le fait de s’entraîner : se faire masser, avant et après l’effort, notamment en intégrant certaines plantes de la pharmacopée locale.
Justement, Agnès Crochemar-Galou, qui multiplie les casquettes, est aussi la fondatrice du laboratoire Natiyé et fabrique des produits de soin à base de plantes de la Caraïbe. Le piment, notamment, a un pouvoir chauffant.
(...) Le simple fait de se toucher va aller activer d’autres récepteurs qui sont antidouleurs et qui sont naturels ; on n’a besoin de rien pour ça. Après, effectivement, vous avez l’action des plantes. (...)
Agnès Crochemar-Galou, spécialiste de la douleur
À noter, par ailleurs, que le choix des chaussures a toute son importance. Les bons souliers limitent les tensions et les douleurs. Elles doivent être résistantes, pas trop plates ni trop fines, éviter les frottements sources d’ampoules, les semelles doivent amortir les chocs. En talons, il faut privilégier les bases carrées, pour une meilleure répartition des vibrations ; il existe des coussinets pour ajouter en confort, à l’avant ou à l’arrière de la chaussure. Et, attention, même des baskets peuvent se révéler inappropriées. Un test s’impose, à chaque fois.