Réduire et renforcer : Le conseil scientifique a rendu son avis sur la stratégie d'isolement

Le 24 aout 2020, le gouvernement a demandé au Conseil scientifique un avis sur la stratégie en matière d’isolement dans la lutte contre le COVID-19.  Le Conseil propose de réviser cette stratégie. Il propose de réduire la durée de l’isolement et de le renforcer.
Alors que l'exécutif doit s'exprimer sous peu, à la demande du gouvernement, le conseil scientifique a rendu son avis sur la stratégie française d'isolement, l'un des piliers de la lutte contre la propagation du SARS-Cov 2. Pour les scientifiques, l'isolement doit être réduit dans la durée et renforcé.


7 jours d'isolement dans tous les cas.

S'appuyant sur la littérature scientifique existante, les experts préconisent de réduire l'isolement à 7 jours dans tous les cas de figure.
En effet, selon les scientifiques, la transmission du Sars-CoV-2 à partir des personnes infectées est maximale entre 2 jours avant l’apparition des signes cliniques et 5 jours après.
Cette transmission ne se fait que très exceptionnellement au-delà du 8e jour d’infection.


Cas confirmés

L'isolement devra être de 7 jours à partir du jour du début des symptômes pour les cas confirmés, sans attendre les résultats du test


Cas asymptomatiques

Le patient devra être isolé 7 jours à partir du jour du prélèvement positif, pour les cas asymptomatiques


Cas contact

L'isolement devra être de 7 jours à partir du jour du contact avec un cas confirmé pour les personnes-contacts.  
Un test diagnostique doit ensuite être réalisé au 7e jour d’isolement. L'isolement sera poursuivi si le résultat du test est positif.


Un risque résiduel au delà de 7 jours maîtrisable grâce aux mesures barrières

Le conseil scientifique précise que durant la semaine qui suit la levée de l’isolement, un risque résiduel subsiste, mais il peut être "parfaitement maîtrisé " par le port rigoureux du masque chirurgical, et le suivi scrupuleux des mesures d’hygiène et de la distanciation physique


Renforcer l'isolement

Un isolement dont la durée est réduite, mais un isolement renforcé. Le conseil scientifique prône une stratégie de droits et de devoirs de solidarité. En d'autres termes, la responsabilité des malades. Il préconise de promouvoir l'auto-isolement, même si cela peut entraîner l’isolement des membres du foyer.

Les experts scientifiques proposent que les résidences COVID+ n'accueillent désormais que des personnes qui ne peuvent s’isoler dans leur foyer du fait de leurs conditions de vie.

Cette stratégie d’auto-isolement devra être particulièrement bien expliquée à la population jeune, conseillent les experts.


Des mesures de compensation fortes

Ces mesures d'isolement devront être accompagnées par l'Etat, pour qu'elles soient acceptées et efficaces. 
Le conseil scientifique préconise des prescriptions d’arrêt de travail avec l’annulation du délai de carence.

Une prime de compensation de perte de revenus pourrait être versée aux professions indépendantes et à ceux n’ayant pas de revenus réguliers.

Il recommande que soient délivrés des certificats médicaux permettant aux mineurs de justifier de leur absence de l’établissement scolaire.

Un service de prise en charge à domicile des besoins devrait être mis en oeuvre pour la nourriture, les soins de santé, les assistantes sociales, etc. si nécessaire.


Un constat : la stratégie actuelle est inefficace

Ces recommandations partent d'un constat : la stratégie actuelle d'isolement ne fonctionne pas pour plusieurs raisons.
 

Le non-respect de l'isolement par une partie (...) importante des personnes atteintes

Selon une enquête réalisée par la Direction Générale de la Santé auprès du réseau des ARS, les cas confirmés et les personnes-contacts à risque refusent de plus en plus le suivi sanitaire et respectent de moins en moins les mesures d’isolement et de quatorzaine.

Parmi les raisons invoquées, la méconnaissance ou le refus pur et simple du principe de l'isolement, en particulier chez les patients asymptomatiques, mais aussi des pressions liées à l’emploi.

Le caractère contraignant du dispositif est aussi rédhibitoire pour certaines personnes. D'autres craignent une ingérence des services de l’Etat dans la vie privée.

Ce non-respect de l'isolement rend difficile la maîtrise de la chaîne de transmission.  


Pas de cahier des charges ni budget

Selon le conseil scientifique, la stratégie d’isolement n'a ni cahier des charges ni budget à l’échelle nationale. 

Des recommandations focalisées sur l'usage des masques et le dépistage

La communication s'est focalisée sur l'usage des masques et le dépistage.Les recommandations en matière d’isolement ont été peu relayées dans la communication grand public.


Absence de données précises

Enfin, autre raison de l'échec de la stratégie : les données précises sur les conditions et le suivi de l’isolement manquent. 

Les informations sur le protocole à suivre doivent être précises. 

La stratégie prônée par le Conseil scientifique étant celle de la responsabilité du patient ou du foyer isolé, il recommande aux autorités de santé de fournir des informations précises sur le protocole à suivre. Elles doivent par ailleurs redoubler d'effort sur la communication. 

Un suivi rigoureux du respect de l'isolement par les ARS

Les autorités sanitaires doivent veiller au respect de l'isolement et mettre en place des dispositifs de suivi rigoureux, grâce au recueil systématique et détaillé des données, recommande le conseil scientifique.  


La société civile doit être associée aux prises de décision

C'est une condition nécessaire pour que la stratégie soit acceptée, selon le Conseil scientifique, qui insiste sur l'implication du citoyen dans la prise de décision, par les autorités. 
 

Pour être parfaitement comprises et acceptées, le Conseil scientifique insiste à nouveau sur la nécessité d’associer les citoyens au processus de décision, ce qui pourrait être mis en place au niveau des territoires.


Une nouvelle stratégie qui devra être évaluée et rester flexible pour s’adapter à l’évolution de l’épidémie et à l’avancée des connaissances, précise le Conseil scientifique.