Le dépistage de la drépanocytose à la naissance recommandé par la Haute autorité de santé

La drépanocytose, maladie génétique la plus fréquente décelée à la naissance
La Haute autorité de santé a recommandé mardi (15 novembre) de généraliser à tous les nouveaux-nés français le dépistage de la drépanocytose, maladie génétique aux effets potentiellement graves, un avis rendu dans la foulée de mesures prises par le gouvernement en ce sens.

De nouvelles données, notamment épidémiologiques, ont modifié l'appréciation de la Haute autorité de santé, expose-t-elle dans un communiqué. Lors de sa précédente évaluation, en 2014, elle avait préconisé de poursuivre le dépistage ciblé.
Ce dépistage concerne les nouveaux-nés aux parents originaires de zones où le risque génétique est plus important (Antilles, Guyane, Réunion, Mayotte, Afrique subsaharienne, Cap-Vert, Brésil, Inde, océan Indien, Madagascar, Ile Maurice, Comores, Algérie, Tunisie, Maroc, Italie du Sud, Sicile, Grèce, Turquie, Liban, Syrie, Arabie Saoudite, Yémen, Oman).

Maladie génétique la plus répandue en Guadeloupe

La drépanocytose est une maladie héréditaire du sang, qui affecte les globules rouges. C'est l'une des maladies génétiques les plus répandues dans le monde, en particulier en Afrique. Mais également en Guadeloupe. 

C'est une pathologie invalidante, avec des répercussions sur la qualité de vie des personnes atteintes.

Dans l'archipel, 12% de la population est porteur du trait drépanocytaire, soient environ 120 couples à risque par an. L’incidence à la naissance y est d’environ 1/350.

Si le dépistage est aujourd’hui systématique à la naissance, les résultats ne sont pas toujours connus des parents. Aussi, des transmetteurs qui s’ignorent et des enfants malades, peuvent être "perdus de vue" jusqu’à la survenue d’une crise grave, indique l'Agence régionale de santé de Guadeloupe. 

En France, elle est plus rare mais touche près de 30 000 personnes, selon les chiffres gouvernementaux.

Elle se manifeste entre autres par une anémie, des crises douloureuses et un risque accru d'infections. Ses répercussions peuvent être graves : c'est, par exemple, la première cause d'accident vasculaire cérébral chez l'enfant.

Une expérimentation pendant 3 ans

"C'est la seule maladie dépistée à la naissance dont l'incidence augmente régulièrement : 557 cas ont été dépistés en 2020 contre 412 en 2010" en France, observe la HAS.

Jusqu'alors, le dépistage ciblé est hétérogène selon les régions: "Plus de trois enfants sur quatre en bénéficient en Ile-de-France, contre à peine un sur deux à l'échelle nationale en 2020, alors qu'aucune région n'est indemne de cas", ajoute-t-elle.

En outre, "un risque d'erreur dans le ciblage" par les soignants a été montré par des études et signalé par des professionnels, selon l'autorité sanitaire. 

Le dépistage à la naissance permet d'engager immédiatement des traitements de nature à alléger les symptômes et éviter les complications.

"Unanimes sur l'intérêt d'élargir le dépistage", les associations, professionnels et institutions consultés par la HAS "n'ont pas remis en cause la capacité d'adaptation du système de santé à l'augmentation du flux de tests". 
Ils ont aussi "souligné que la généralisation du dépistage remédiait au risque de stigmatisation des populations actuellement ciblées".

La généralisation du dépistage de la drépanocytose est déjà, de fait, intégrée au projet de loi de financement de la sécurité sociale par un amendement gouvernemental ajouté après l'arrêt, via le 49-3, des débats sur le texte à l'Assemblée nationale. 
Cette mesure serait expérimentée trois ans, puis pourrait être indéfiniment étendue si elle apparaissait probante.