Le député Olivier Serva veut en finir avec la discrimination capillaire

Femme arborant un afro
Olivier Serva va soumettre au vote dans les prochains mois une proposition de loi visant à faire reconnaître les discriminations capillaires.

Le député Liot de la première circonscription de la Guadeloupe souhaite interdire les discriminations basées sur la texture, la longueur, la couleur, la coupe ou le style des cheveux et ainsi mettre fin aux préjugés capillaires. Un projet qui prend naissance suite à une affaire qui a fini en Cour de cassation. Un steward d'Air France s'était vu interdire de porter des tresses, alors que cette coiffure est autorisée pour les hôtesses de l'air. Débouté aux Prud'hommes et en appel, il a finalement obtenu gain de cause en cassation, en novembre dernier.

Ce sujet capillaire peu pris au sérieux représente tout de même une réalité pour beaucoup. Pour exemple, dans le milieu professionnel, hommes et femmes portant leurs cheveux naturels afro se sont déjà entendus dire qu'ils n'avaient pas une "coiffure professionnelle". 
Selon une étude du réseau social professionnel LinkedIn et de la marque de cosmétiques Dove réalisée aux Etats-Unis, les femmes noires sont victimes de discriminations liées à leurs cheveux. Une injustice, un racisme, qui les pénalise dans le monde du travail, de l'entretien aux interactions journalières entre collègues et hiérarchie. 
L'étude indique que plus de la moitié des femmes changent la texture de leurs cheveux pour un entretien d'embauche.  

Des discriminations que ne subissent pas uniquement les Afro-Américaines. C'est d'ailleurs l'un des premiers arguments d'Olivier Serva. "On ne vous juge pas professionnelle si vous arrivez avec vos cheveux au naturel. On attend de vous que vous les lissiez" a-t-il expliqué. 

Si les Etats-Unis ont pris le problème à bras-le-corps, avec le vote de la loi CROWN (Creating a Respectful and Open World for Natural Hair, soit Créer un monde respectueux et ouvert pour les cheveux naturels) dans plusieurs Etats, la France ne s'est pas emparée du problème. 

Interrogée par le quotidien 20 minutes, pour la journaliste Rokhaya Diallo, journaliste, autrice du livre Afro ! qui traite de ce retour au naturel pour beaucoup, entre désir de bien-être et manifeste politique, "aux Etats-Unis, (...) cette question est plus présente depuis longtemps, parce que la communauté afro-américaine y est plus mobilisée et plus visible. Les questions qui la touchent atteignent plus facilement les sphères mainstream. En France, il ne faut pas qu’on raisonne en matière de retard mais en termes de compréhension des questions raciales. Il y a peut-être un déni plus fort".

Et cela va au-delà de l'apparence, mais touche également à la santé, pour le député guadeloupéen qui n'a pas manqué de rappeler que "les femmes qui utilisent des produits chimiques pour se défriser les cheveux ont trois fois plus de risque d’avoir un cancer de l’utérus ou trois fois plus de risque d’avoir des fibromes".

La proposition de loi transpartisane d'Olivier Serva qui devrait renforcer le Code pénal et modifier le Code du travail, devrait être examinée en octobre prochain.