Le mois de mémoire prend fin et la réparation, quelle que soit sa forme, se fait encore attendre

"Mai, mois des mémoires" s’est achevé hier… émaillé par une série de tensions… C’est d’abord la célébration du bicentenaire de la mort de Napoléon par le président de la République qui a déclenché la première salve… Emmanuel Macron voulait regarder l’Histoire en face, y compris le pire de l’Empire, la face sombre de celui qui a restauré l’esclavage dans les colonies. Mais qu’importe les faces éclairées, ces projecteurs braqués ont été vécus comme un affront par de nombreux descendants d’esclaves et humanistes toutes origines confondues.

C’est ensuite l’absence de discours d’Emmanuel Macron lors de la commémoration de l‘abolition de l’esclavage, cette fois, qui a déclenché la deuxième salve…
Christiane Taubira en première ligne, l’ancienne Garde des sceaux guyanaise, à l’origine de la loi reconnaissant l’esclavage comme crime contre l’humanité, s’est étonnée de ce silence sur plus de deux siècles de l’Histoire de France en comparaison, "des gammes faites sur Napoléon Bonaparte".

La mémoire commémorée, grandiloquente pour Napoléon, peu éloquente pour l’abolition… source de tension, mais tant de tension, peut-être aussi parce que la mémoire, aussi importante soit elle ne suffit pas… Et qu’aujourd’hui, c’est à la phase d’après qu’il faudrait passer, celle des réparations… Peut-être parce qu’après tant de sang versé, de déportés, de violentées, de violées, de torturés, d’humiliés, jamais indemnisés, la mémoire seule ne peut répondre….

Réparer, une fois la forme trouvée, c’est peut-être aujourd’hui la voie à emprunter vers la sérénité…

Réparer non pas le passé, ça, c’est plus le rôle de la mémoire commémorée pour ne pas oublier l’Histoire…

Réparer se conjugue lui au présent…

Réparer les déséquilibres économiques, les inégalités sociales, nés de cette histoire tourmentée, réparer les réflexes d’infériorisation, d’atteinte à l’estime de soi, de mise à mal de la cohésion, de la solidarité, transmis par la mémoire collective, réparer les conséquences de la transmission génétique du traumatisme, le syndrome de l’esclavage post traumatique et sa cohorte de maladies métaboliques : anxiété, phobie, et peut être même hypertension, hypercholestérolémie, diabète et certains cancers. 

S’auto-réparer d’abord puis réparer le système, le fonctionnement d’une société... Parce que si finir par reconnaitre, c’est commencer à réparer, pour finir par apaiser, il faudra probablement finir de réparer.