D'entrée de jeu l'étude menée par le CHRU de Tours le souligne, en 2015, le cancer de la prostate occupait le premier rang parmi les cancers incidents et se plaçait comme la troisième cause de décès chez les hommes en France, selon le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) – INSERM, avec une surmortalité inexpliquée dans certaines régions.
Entre 2010 et 2021, 564 975 nouveaux cas de cancer de la prostate ont été diagnostiqués, avec une incidence moyenne annuelle de 47 081 cas, augmentant sur la période. La mortalité toutes causes confondues s'élevait à 20 259 décès par an, dont 7 265 étaient spécifiques au cancer de la prostate.
L'âge moyen au diagnostic était de 70,1 ans ± 9,6 ans tandis que celui au décès toutes causes confondues était de 80,2 ans ± 9,7 ans.
Une tendance notable est l'augmentation tant de la prévalence que de l'incidence au cours de la dernière décennie, de 2010 à 2020
Dr Hugo Crespin, urologue (CHRU de Tours) et auteur de l’étude.
Et l'étude dirigée par le Dr Crespin met le doigt sur une réalité particulière : Une surmortalité spécifique au cancer de la prostate a aussi été observée, allant de + 10 % à + 46 % dans des régions telles que la Normandie, les Hauts-de-France, la Bretagne, le Centre-Val de Loire et les DROMs par rapport à la moyenne nationale.
Pour la Bretagne, les Hauts-de-France, et la Martinique, la surmortalité spécifique par cancer de la prostate persiste même après correction pour les caractéristiques de la population, suggérant un impact régional.
Cela soulève des questions sur les facteurs environnementaux ou de soins dans ces régions. Les bases de données agricoles ont montré un lien potentiel avec le risque de cancer de la prostate. La mortalité liée à l'accès à la médecine générale est plus complexe, avec des effets protecteurs en mortalité globale et des effets délétères spécifiquement dans le contexte du cancer de la prostate métastatique.
Hugo Crespin, urologue (CHRU de Tours) et auteur de l’étude.
Une augmentation de +104% en Guadeloupe qui peut s’expliquer selon Laurent Brureau, professeur des universités en urologie au CHU de la Guadeloupe, par plusieurs facteurs. Prévention et vieillissement seraient les raisons de cette forte hausse, ce qui ne doit pas faire oublier que, pris à temps ce cancer peut être guéri.
Coté traitement les avancées sont assez significatives. Les protocoles sont de mieux en mieux maitrisés en particulier pour les formes localisées ou la radiothérapie, et la chirurgie donne de bons résultats.
Voir aussi : Prostate : quel traitement en Guadeloupe