Le point sur l'impact économique de la crise Covid, en Guadeloupe

Zone industrielle et commerciale de Jarry, à Baie-Mahault
La crise Covid a, sans nul doute, un fort impact économique, dans l'archipel de la Guadeloupe. Mais à quel point l'activité des entreprises locales a été mise à mal ? Les données chiffrées sont encore parcellaires. Il y a des indicateurs, tout de même, qui ne trompent pas.

Il est encore bien difficile de quantifier l’impact économique de la crise sanitaire, liée à la Covid-19, en Guadeloupe.
A propos de la première vague de la pandémie, localement, en 2020, les économistes de l'Institut d'émission des départements d'Outre-mer (IEDOM) estiment que le premier confinement, qui a duré du 17 mars au 11 mai 2020, est à l’origine d’un recul de l’activité économique d'environ 3 points de PIB (produit intérieur brut), sur l’année.
Depuis, il y a eu deux autres confinements ; l'archipel n'est d'ailleurs pas encore sorti de la troisième période de restriction de circulation et d'activité imposée à la population, par la préfecture. 

Dans ce contexte, combien d’entreprises ont dû mettre la clef sous la porte ? Combien sont sur la corde raide ? Combien de licenciements ces deux années de crise ont-elles générés ?
Difficile de répondre : les données chiffrées complètes restent à glaner et à étudier.
Seuls quelques indicateurs peuvent nous aiguiller.

Crise Covid : faible impact sur l'emploi 

Si l’on se réfère à Pôle Emploi, le nombre d’inscrits, au deuxième trimestre 2021, est relativement stable et diminue même de 6,5 %, sur un an. Il y a donc moins de demandeurs, qu’à la même période en 2020. Cela est étonnant et pourtant, c’est une réalité.

En y regardant de plus près, on constate, tout même, une nette augmentation des entrées à Pôle Emploi, sur douze mois : près de 13% de plus.
Quant aux motifs de ces nouveaux inscrits, ceux qui concernent des "fins de contrat", des "ruptures conventionnelles", ou encore des "licenciements économiques" sont à la baisse ; en revanche, les entrées pour "démission", elles, font un bon de 20%.

Crise Covid : coup dur pour les entreprises

Quid des entreprises ?
Il semble bien que la facture 2020 se règle en 2021.

L’IDEOM, qui scrute ces données, nous indique qu’au 1er trimestre 2021, le nombre de défaillances d’entreprises, en Guadeloupe, augmentait de près de 81%, alors qu’elles étaient en baisse, sur l’ensemble du territoire national (-30%).
L’Institut estime qu’il s’agit d’un "effet de base", puisqu'à la même période de l’année 2020, l’activité des tribunaux de commerce a été suspendue, faisant donc baisser les chiffres de références.

A en croire des sites spécialisés en procédures collectives, une quarantaine de sociétés, en moyenne, sont liquidées par mois, dans le département. Le tribunal faisant la sourde d’oreille.  

Pour les autres sociétés, celles encore en vie, les chefs d’entreprises tablent sur une baisse de leur chiffre d’affaire de 20%, en moyenne, cette année, tous secteurs d’activité confondus.
Si l’on se penche, en particulier, sur les secteurs du tourisme ou du transport, ces estimations sont bien plus pessimistes.  

L'exemple concret d'un entrepreneur qui a tout perdu

Harold Vulgaire, lui, n’a même pas eu le luxe d’affronter le troisième confinement de la Guadeloupe. Il a dû jeter l’éponge, dès le deuxième, contraint de fermer une véritable institution du territoire : Jarry Plat.

La société exploitante de Jarry Plat existait depuis quasiment quatre décennies ; 37 ans très exactement. En 2016, elle a fait l'objet d'une procédure de sauvegarde. Puis, en 2019, Harold Vulgaire a accepté de reprendre l'entreprise, pour soulager son père, proche de la retraite. Dès lors, il s'est lancé dans une série d'investissements, notamment des travaux à hauteur de 200.000 euros. Le fonctionnement a été modernisé, une nouvelle orientation a été prise et des services ont été développés. Un pari qui s'est révélé payant... un temps.

Le premier confinement est donc tombé au pire moment. Mais l'acteur économique est parvenu à garder la tête hors de l'eau, grâce notamment à l'activité partielle.
Le deuxième confinement l'a obligé à envisager de réduire ses charges, via des licenciements économiques, actés en novembre 2020.

Mais les fermetures successives des restaurants sont passées par là, de même que la fin des soirées et autres manifestations culturelles et festives, ce qui a mis un terme aux locations de salles.

La difficile décision de liquider la société a été prise en mars 2021 ; ce, malgré le prometteur "quoi qu'il en coûte", prononcé par le président de la République, dont beaucoup n'ont pas vu les effets, sur le long terme, n'étant pas éligibles aux aides ou parce que les banques ont refusé de les suivre.

Un trentaine de personnes travaillait à Jarry Plat, avant que la Covid-19 ne s'en mêle.

Harold Vulgaire a accepté de se confier, sur cette mésaventure, au micro de Sébastien Gilles.

Harold Vulgaire : "Nous avons été affectés au niveau du traiteur, de la location de salle, des prestations de restauration. Tout notre cœur de métier a été impacté."

Et ils sont nombreux à avoir mis la clé sous la porte, la mort dans l'âme, alors qu'ils dirigeaient des entreprises florissantes... avant que la crise ne passe par là.

Au 15 janvier 2021, 4180 entreprises ont bénéficié du Prêt garanti par l'Etat (PGE), pour un montant global de 649 millions d'euros. Les Outre-mer sont très largement en-dessous de la moyenne nationale.