Le premier sucre de canne bio d'Europe lancé en Guadeloupe

84 hectares de parcelles de canne bio, appartenant à 34 planteurs doivent être coupés pour cette première récolte.
L'usine sucrière de Gardel a annoncé le lancement mercredi (22 mai 2024) de la production du premier sucre de canne bio d'Europe, considéré comme une piste de relance de la filière de canne à sucre, en grande difficulté.

"Depuis 2021, la sucrerie Gardel a lancé un programme de développement de la canne certifiée bio en Guadeloupe, pour en faire les premiers sucres (de canne) biologiques français et européens", a déclaré à l'AFP Nicolas Philippot, le directeur de l'usine.

Pour cette première récolte, 84 hectares de parcelles appartenant à 34 planteurs doivent être coupés, soit 3 800 tonnes de cannes qui devraient déboucher sur environ 270 tonnes de sucre, vendues pour l'instant uniquement sur le marché local. Le broyage a commencé mercredi.
"Notre objectif, c'est de produire en bio 10% de la totalité de la sole cannière d'ici à 2035", a précisé Nicolas Philippot. Environ 400 000 tonnes de cannes sont broyées annuellement pour la production de sucre en Guadeloupe.

Le lancement de cette filière bio a demandé des ajustements de l'outil industriel, notamment un lavage complet du site mais aussi l'obtention d'une dérogation pour utiliser un floculant (agglomérant permettant de concentrer les impuretés du jus de cannes), utilisé par l'industrie sucrière bio brésilienne.
Pour Laure Guérout, directrice "Qualité, hygiène, sécurité, environnement et énergie de Gardel, toutes les étapes ont été franchies avec succès. 

©Guadeloupe

"Le produit n'est pas homologué par l'Europe mais la réalité de notre marché et de nos conditions de production ont permis d'obtenir l'autorisation de la France, qui reste souveraine sur ce sujet", a encore précisé Nicolas Philippot. 

Une canne payée plus chère

La tonne de canne bio est payée par l'usinier 20 euros de plus que la canne non bio (achetée par l'usine entre 109 et 113 euros, selon une convention signée en 2023), afin notamment de compenser la main-d’œuvre supplémentaire imposée par l'absence d'herbicide.
"Le sucre bio répond à la nécessité de différencier et valoriser la production guadeloupéenne sur un marché international très concurrentiel", assure Gardel, dans un communiqué publié mercredi. 

Le volume mondial de sucre de canne bio était estimé en 2021 par l'agence française pour le développement et la promotion de l'agriculture biologique à environ cinq millions de tonnes, selon des chiffres de 2016, produits aux deux tiers par l'Argentine, le Brésil et le Paraguay. 

La canne à sucre est la première production agricole en valeur et en taille de Guadeloupe devant la banane et bénéficie d'un soutien fort de l'Etat, mais souffre de difficultés structurelles qui provoquent des conflits sociaux récurrents, les planteurs critiquant un prix d'achat trop faible.

Nicolas Philippot, directeur de l'usine sucrière de Gardel était l'invité de Christelle Théophile dans le Guadeloupe Soir du 23 mai 2024 :