Le regard de la justice sur les révélations sur le #balancetonporc

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Le "#balancetonporc" existe depuis bientôt 6 ans. Il a libéré la parole des femmes qui peuvent raconter sur les réseaux sociaux les humiliations, manipulations, agressions physiques verbales ou sexuelles dont elles ont été victimes. Mais à la libération de la parole, virale, spectaculaire, s’opposent alors la rigueur juridique des termes employés et le respect des principes fondamentaux de procédure pénale, au premier rang desquels figure celui de la présomption d’innocence.

La Guyane vient tout juste de créer le sien. La page Instagram Balancetonporc.gf a été lancée dimanche 27 et a reçu une avalanche de récits. Idem pour les pages de Martinique et de Guadeloupe. Elles sont moins récentes mais ont bénéficié de cette nouvelle vague de dénonciations.

Dans la représentation collective, l’atteinte portée au principe juridique importe peu, puisque l’information est utile et la cause légitime. Il n’existe ainsi guère aujourd’hui de principe de procédure pénale autant contesté et délégitimé que celui de la présomption d’innocence.
Pour autant, le risque de tomber dans la diffamation n'est jamais loin. Il s'agit donc de savoir où s’arrête la liberté d’expression et où commence la diffamation. La réponse de Me Sarah Aristide avocate au barreau de la Guaeloupe

De fait, le principe de présomption d’innocence est désormais régulièrement remis en question dans le débat public lors d’affaires particulièrement médiatisées

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Mais ce n'est pas sans risque ur le plan pénal pour l’auteur de propos qui pourraient êter considérés comme diffamatoires.

 Aujourd'hui, force est de constater qu'il existe un grand décalage entre l’objectif poursuivi de protection et la pratique, en raison du traitement de l’information relative aux affaires pénales (de la part des médias, sur les réseaux sociaux) et de la confusion d’individus présentés comme présumés coupables, peu important, au fond, la décision judiciaire ultérieurement rendue.

Pour Pauline Le Monnier de Gouville, Maître de conférences en droit privé à l’Université Paris Panthéon-Assas, Université Paris 2 Panthéon-Assas, au-delà de la personne mise en cause, le principe permet de maintenir la confiance du public dans l’intégrité de la justice. Or à cet égard, l’analyse doit dépasser le seul regard du juriste pour embrasser la société tout entière tant la présomption d’innocence est porteuse de valeurs essentielles. Elle correspond à un choix philosophique de notre société et à un objectif que se donne tout État de droit. La présomption d’innocence, donc, c’est un postulat que la société doit aussi s'attacher à défendre.