Force est de constater que le Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG) peine à remplir ses missions. Les coupures d’eau, les problèmes de potabilité, les contaminations bactériologies de la ressource, ou encore les défauts de traitement des eaux usées sont fréquents.
Dernier cas en date : hier (lundi 8 mai 2023), le syndicat unique de l’eau a évoqué une "insuffisance de la production" pour expliquer les perturbations de distribution qui impact le territoire de la ville de Basse-Terre ; dans ce contexte, écoles et crèches sont restées portes closes, ce mardi, dans le chef-lieu.
Ces défaillances récurrentes, subies par une large partie de la population de l’archipel, sont de plus en plus dénoncées par certains usagers ; mais les méthodes employées ne sont pas toujours les bonnes.
Des agents agressés
Les agents du SMGEAG sont fréquemment victimes d’agressions, de la part de clients et d’usagers. Injures, bousculades et, parfois, menaces de mort sont le lot quotidien, notamment des employés des centres de paiements du syndicat mixte. Dans ces sites d’accueil du public, des personnes sont amenées à payer leurs factures, alors qu’elles sont régulièrement victimes de coupures ; dès lors, leur colère est grande.
Les actes d’incivilités cristallisent toute cette colère et l’exaspération des abonnés.
Cette situation est inacceptable et l’Union des travailleurs des collectivités (UTC-UGTG) tire la sonnette d’alarme, dans un communiqué. L’organisation syndicale interpelle la direction du SMGEAG et exige des mesures pour limiter les risques de violence et permettre aux agents de travailler sereinement.
Pour Hugues Geoffroy, secrétaire générale de l’UTC UGTG, les agents sont en première ligne, à cause de nombreux dysfonctionnements dans la gestion de l’eau. Pour autant, ils ne doivent pas subir les affres des consommateurs exaspérés, a-t-il déclaré.
Il y a un moins, un camarade de Sainte-Anne a pris un coup de chaise. Il y a 2/3 jours, un vigile qui filtre les entrées a reçu des menaces de mort. On ne peut pas rester témoins muets de ce qui se passe ! C’est pourquoi nous demandons au président du SMGEAG de prendre toutes ses responsabilités, sur ce sujet. Nous n’allons pas tolérer cela davantage. Les collègues l’ont dit : nous ferons ce qu’il y a à faire, parce que cela est intolérable. Nous attendons de voir ce que le président fait pour cers personnes qui reçoivent des menaces de morts, dans le cadre de leur travail.
Hugues Geoffroy, secrétaire générale de l’UTC UGTG (traduction du créole)
Le syndicat déplore que la direction du SMGEAG ne prenne pas la mesure du danger qui pèse en permanence sur les agents et demande au président Jean-Louis Francisque de prendre toutes ses responsabilités.
Une équipe de Guadeloupe la 1ère s'est rendue sur le terrain, au centre de paiement de Pointe-à-Pitre. L'occasion d'apprendre que des plaintes seront systématiquement déposées en cas d'agression, la sécurité sera renforcée et les agents seront formés pour faire face aux situations conflictuelles. Voilà quelques-unes des propositions de la direction :
Une plainte pour pénurie et mauvaise qualité de l’eau
Nous en parlions la semaine dernière, le Parquet de Basse-Terre a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire, dans le cadre de la plainte contre la pénurie d’eau et la dégradation de la qualité de l’eau en Guadeloupe.
Ils sont, en effet, plus d’une centaine de plaignants, dans ce dossier, à pointer du doigt l’actuel Syndicat mixte de gestion de l'eau et de l'assainissement de Guadeloupe (SMGEAG), ainsi que son prédécesseur le Syndicat intercommunal d'alimentation en eau et d'assainissement de la Guadeloupe (SIAEAG), mais aussi la communauté d’agglomération Grand Sud Caraïbes (CAGSC). Tous reprochent notamment à ces organismes "l'exposition d’autrui à un risque immédiat de mort ou de blessure de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente".
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- Eau : une plainte au pénal vise le SMGEAG, le SIAEAG et la CAGSC – 02/05/2023
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Le Parquet ayant donné une suite favorable à la plainte, l’avocat des plaignants, Maître Emmanuel Daoud, estime qu’il y a matière à espérer.
C’est un sentiment collectif partagé avec les plaignantes et les plaignants de satisfaction, d’espoir aussi, parce que le Parquet a réagi très vite. Nous sommes confortés dans l’analyse qui était la nôtre. Si nous avons déposé une plainte entre les mains du Parquet, c’est parce que nous avons confiance dans la justice pénale, tout en respectant la présomption d’innocence, avec un sentiment que cette fois-ci, peut-être, en Guadeloupe, les décideurs publics se rendent compte qu’il faut agir dès à présent, ne pas attendre la fin d’une procédure pénale pour mobiliser les moyens matériels et humains, pour que l’on prenne rapidement en considération la situation dramatique individuelle de centaines de milliers de consommateurs.
Maître Emmanuel Daoud
En réponse à cet appel à résultat, pour que tous les Guadeloupéens aient de l’eau potable à tout moment à leurs robinets, la direction du SMGEAG dit vouloir coopérer, tout en rejetant la responsabilité du syndicat mixte.
Côté assainissement, malheureusement, les défaillances sont fréquentes en Guadeloupe avec, au final, des contaminations bactériologies des eaux de baignade, notamment.
Le SMGEAG, cette année, veut prendre le taureau par les cornes. Donc, très clairement, sur nos ouvrages d’assainissement, nous allons investir 25 millions d’euros (...) pour pouvoir mettre aux normes nos infrastructures. Je suis d’autant plus sensibilisé sur ce sujets-là ; juste avant de venir au SMGEAG, j’étais directeur adjoint de l’Office de l’eau, chargé des services techniques et scientifiques. Et, donc, c’est une question préoccupante que j’ai eu à gérer en étant de l’autre côté.
Marcus Ac-Békodo, directeur général des services au SMGEAG
Ces enveloppes budgétaires annoncées doivent être transformées en actions concrètes, pour le bien de la population locale et l’environnement.