C’est un arrêté préfectoral du 5 avril 1973, qui crée la structure sous la dénomination de « Syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères de l’agglomération Pointoise » le SICTOM. Les quatre communes fondatrices sont les Abymes, Baie-Mahault, Gosier et Pointe-à-Pitre.
S’ouvre alors une phase ascendante. 35 ans plus tard, en 2008, 17 autres collectivités sont venues grossir son périmètre d’action : l’ensemble des communes de la Grande-Terre excepté Petit-Canal et deux communes Basse Terriennes : Petit-Bourg et Goyave.
En 2013, le SICTOM se mue en un syndicat mixte ouvert et les deux collectivités majeures Région et Département y adhèrent pour garantir les prêts consentis par le SYVADE pour son projet de plateforme environnementale de traitement des déchets ménagers.
En 2014 le syndicat est à son pic d’activité traitant les déchets de 275 000 résidents. Mais cette année marque également le début de sa descente.
En 2015 son aire d’intervention commence à s’éroder avec la loi Notré qui donne l’acquisition de plein droit de la compétence déchet aux EPCI.
Ce sont d’abord Terre-de-Haut et de Terre-de-Bas qui intègrent Grand Sud Caraïbe. Puis c’est au tour des communes de la Riviera du Levant de quitter le navire avant qu’en 2020, la CANGT jette elle aussi l’éponge. Une érosion massive
En 2022, l’aire de compétence du SYVADE se résume à Cap Excellence ainsi que Goyave et Petit-Bourg, la communauté de communes de Marie-Galante, sans oublier la Région et le Département toujours membres du syndicat malgré l’abandon du projet de plateforme. Une fuite en avant qui condamne définitivement les perspectives de constitution d’une structure unique ici.
Le bilan et les perspectives du SYVADE
Dans un audit mené en 2022, la Cour des Comptes pointe effectivement tous les freins qui privent la structure d’un avenir serein en matière de traitement des déchets ménagers. Le nombre d’opérateurs déjà : ils sont 5 au total, chacun portant de surcroît un projet différent.
Le SYVADE lui, selon les magistrats, souffre de plusieurs maux qui grèvent ses missions de soutien aux programmes locaux de prévention des déchets ménagers et assimilés. Si bien qu’en 2021 le Syndicat approuve le principe de la création d’une société d’économie mixte «ayant pour objet le développement d’actions et de projets complémentaires à ses missions.
La Société ESSM CARAIBES voit le jour fin 2021 mais son objet s’est alors écarté de celui défini initialement, si bien que les magistrats estiment qu’il s’agit in fine d’un nouveau démembrement du SYVADE actionnaire à 55% de cette SEM.
Autre grief formulé par les sages de la CRC, une présidence dont les pouvoirs excèdent le cadre statutaire. On évoque une gestion du syndicat qui ne formalise pas sa stratégie. Il n’a toujours pas élaboré de programme local de prévention des déchets, il ne produit pas non plus, comme la loi l’y contraint pourtant, de rapport sur le prix et la qualité du service. Et pour cause, la CRC rappelle que les quantités d’ordures ménagères produites par habitant, 330 kg, ne diminuent pas.
La Guadeloupe enfouit toujours près de 85% de ses déchets et dans des conditions loin de respecter les clauses du marché passé entre le Syndicat et les deux prestataires qui assurent cette tâche à la Gabarre.
La partie valorisation ne pèse que 3% et les coûts de traitement par habitant sont deux fois supérieurs à la moyenne hexagonale.
Une addition qui pourrait bien une nouvelle fois se retrouver sur la table des contribuables.